Home Pure Info L’extrême droite décidée à profiter des difficultés de Merkel

L’extrême droite décidée à profiter des difficultés de Merkel

0
L’extrême droite décidée à profiter des difficultés de Merkel

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) va chercher samedi lors de son congrès à tirer au mieux profit des déboires de la chancelière Angela Merkel, en pleine impasse politique.

Environ 600 délégués doivent se retrouver à Hanovre, dans le nord du pays, pour une réunion de deux jours qui sera émaillée de plusieurs manifestations d’opposants de gauche ou pro-réfugiés.

L’AfD, qui fait campagne sur un programme anti-immigration et anti-Merkel, a provoqué un choc dans le pays en raflant 12,6% des voix aux élections législatives du 24 septembre.

La formation compte désormais 92 représentants à la chambre des députés, du jamais vu depuis la fin de la dernière Guerre mondiale. Et l’un de ces chefs, Alexander Gauland, a promis de faire “la chasse à Merkel”.

Ses dirigeants se délectent des difficultés de celle qui dirige l’Allemagne depuis douze ans, sortie victorieuse du scrutin mais très affaiblie du fait d’un score décevant de son parti, la CDU. Deux mois après, elle n’a toujours pas réussi à former une majorité pour pouvoir entamer son quatrième mandat de chancelière.

“Merkel est complètement sur le déclin, et c’est en partie grâce à nous”, s’est félicité M. Gauland dans un entretien avec l’AFP.

– Radicalisation –

Mais le co-président du groupe parlementaire, âgé de 73 ans, a aussi insisté sur la nécessité pour l’AfD d’afficher un front uni lors de ce congrès. Une gageure pour un parti où s’affrontent tendances radicale et plus modérée.

“Pour moi, il est crucial que la direction de l’AfD reflète l’est et l’ouest du pays, ainsi que des positions conservatrices mais aussi économiquement libérales”, a-t-il jugé, plaidant pour le maintien d’une présidence bicéphale mieux à même selon lui de surmonter les différences internes.

Le jeune parti, créé en 2013 sur un ticket anti-euro, a traversé plusieurs zones de turbulences. Dernière en date: le départ surprise au lendemain des élections de sa figure de proue, Frauke Petry, en désaccord avec la radicalisation identitaire au sein du parti.

Plusieurs tenants de cette frange, Alexander Gauland y compris, ont tenu des propos controversés sur l’islam, le nazisme et le devoir de mémoire, qui n’ont toutefois pas nui au parti lors du scrutin.

L’actuel co-président du parti Jörg Meuthen est candidat à sa réélection. Le chef de l’AfD à Berlin Georg Pazderski est aussi sur les rangs.

Il est aussi possible que Björn Höcke, très controversé après avoir remis en cause à plusieurs reprises la repentance pour les crimes du nazisme, soit élu parmi les 13 membres du conseil dirigeant. Deux jours avant le congrès, sa présence n’était toujours pas confirmée.

“Höcke et ses adeptes sont dans l’aile nationaliste du parti qu’il a fondé”, rappelle le Tagesspiegel. “S’ils sont fortement représentés dans le nouveau conseil, cela serait vu comme un glissement encore plus à droite du parti (…) qui pourrait encourager des membres plus modérés à partir”, estime le quotidien.

– ‘Volatilité énorme’ –

Le congrès se tient alors que la première économie européenne traverse une impasse politique inédite.

Après un mois de pourparlers, conservateurs d’Angela Merkel, écologistes et libéraux ont échoué à trouver un terrain d’entente pour gouverner ensemble.

La chancelière sortante courtise à présent les sociaux-démocrates, plus que réticents à se laisser entraîner dans une nouvelle grande coalition.

“Nous avons actuellement une volatilité énorme dans la politique allemande” qui pourrait aider l’AfD, estime le politologue Wolfgang Schröder, de l’Université de Cassel.

“Cela pourrait contribuer à nourrir le désenchantement envers la politique”, avec l’idée que les politiciens ne sont même pas capables de former un gouvernement, indique-t-il à l’AFP.

Face aux succès de l’AfD, d’autres partis comme les libéraux du FDP et l’allié bavarois de Mme Merkel, la CSU, sont partis chasser sur les terres de la formation populiste, durcissant le ton sur l’immigration, l’Union européenne ou le climat.

“Cela pourrait vouloir dire que (l’AfD) va faire davantage d’efforts pour attirer l’attention”, souligne M. Schröder. “Cela sera certainement le cas lors du congrès”.

© 2017 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.