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Liban: des centaines de manifestants antipouvoir de retour dans la rue après le confinement

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Liban: des centaines de manifestants antipouvoir de retour dans la rue après le confinement

Plusieurs centaines de manifestants Libanais ont de nouveau rallié samedi le centre de Beyrouth pour fustiger l’impuissance du gouvernement face à l’effondrement économique, des heurts éclatant avec des partisans du mouvement chiite du Hezbollah.

Cette mobilisation sur la place des Martyrs s’est accompagnée d’escarmouches entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Le rassemblement est le premier depuis que les autorités ont commencé à alléger les mesures de confinement imposées à la mi-mars pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus.

Quarante-huit personnes ont été blessées, dont 37 soignées sur place, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la Croix-Rouge libanaise.

Parmi les manifestants issus d’horizons divers, certains ont appelé au désarmement du Hezbollah, qui ne fait pas partie des principales demandes du soulèvement, déclenché en octobre pour dénoncer l’intégralité d’une classe politique accusée de corruption et d’incompétence.

Des jets de pierre ont été échangés entre des groupes de manifestants et des partisans du puissant mouvement chiite venus d’un quartier voisin, mais l’armée s’est interposée pour empêcher l’escalade, a rapporté un photographe de l’AFP.

“Chiite, chiite”, ont scandé les partisans du Hezbollah, poids lourd politique, certains brandissant le drapeau jaune du mouvement.

La question des armes du Hezbollah est un des principaux sujets de discorde qui divise la classe politique. Le groupe chiite est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990).

“Non au Hezbollah, non à ses armes”, pouvait-on lire sur la pancarte brandie par Sana, manifestante de 57 ans originaire de Nabatiyé (sud). “Les armes doivent être uniquement aux mains de l’armée”, a-t-elle indiqué à l’AFP.

Des groupes hétéroclites participent aux manifestations antipouvoir, avançant une pléthore de griefs économiques et sociaux et des revendications différentes, réclamant pour certains des législatives anticipées.

“Pour un gouvernement qui élimine la corruption, pas qui la protège”, pouvait-on lire sur une pancarte, l’écrasante majorité des manifestants portant un masque au visage par mesure de protection face au coronavirus.

– “Obtenir nos droits” –

Près de la place des Martyrs, à l’entrée d’une rue menant au Parlement, des manifestants qui caillassaient les forces de sécurité et saccageaient des vitrines ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes.

Les contestataires ont incendié des bennes à ordure sur une route du centre-ville, reculant face aux policiers anti-émeute qui avançaient en rangs serrés.

“Nous manifestons pour obtenir nos droits, des soins médicaux, l’éducation, le travail, les droits les plus basiques dont un être humain a besoin pour rester en vie”, a confié à l’AFP Christina, une étudiante de 21 ans.

Des heurts et des jets de pierre ont opposé des habitants du quartier chrétien d’Aïn el-Remmaneh à ceux de la banlieue chiite de Chiyah, mais les forces de l’ordre ont rétabli le calme, selon l’agence de presse étatique ANI.

Déclenché le 17 octobre 2019, le soulèvement a vu certains jours des centaines de milliers de Libanais battre le pavé pour crier leur ras-le-bol.

Depuis l’année dernière déjà, le pays poursuit son effondrement économique qui s’accompagne d’une forte dépréciation de la livre libanaise et d’une explosion de l’inflation.

Le chômage touche plus de 35% de la population active, tandis que plus de 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon des estimations du ministère des Finances.

Malgré l’essoufflement de la mobilisation ces derniers mois, des cortèges ont continué à défiler en voiture dans la capitale, tandis que des affrontements à Tripoli (nord) ont opposé des manifestants en colère aux forces de l’ordre, faisant un mort parmi les contestataires fin avril.

Sous la pression de la rue, un nouveau gouvernement a été formé en début d’année, sans enclencher de changements.

Pour obtenir des aides financières, les autorités ont adopté fin avril un plan de relance économique, entamant dans la foulée des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et s’engageant à mener les réformes attendues depuis des années par la communauté internationale mais jamais concrétisées.

photo-lar/tgg/hj

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