L’immoralité de la “possession” d’armes atomiques sera dans le catéchisme de l’Eglise catholique

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Le pape François, de retour d’un voyage hautement symbolique dans les villes martyres japonaises de Nagasaki et Hiroshima, a annoncé mardi son intention d’inscrire dans le catéchisme de l’Eglise le caractère immoral non seulement de l’usage mais même de la “possession” d’armes atomiques.

A Hiroshima, “j’ai redis que l’usage des armes nucléaires est immoral”, a souligné le pape François, au cours d’une longue conférence de presse d’une heure dans l’avion qui le ramenait à Rome.

“Cela doit aller dans le catéchisme de l’Eglise catholique, et pas seulement l’usage mais aussi la possession”, a-t-il préconisé, rappelant que “la folie d’un gouvernant peut détruire l’Humanité”.

Le catéchisme de l’Eglise catholique est le livre d’enseignement officiel qui contient les principes de la foi. A l’été 2018, le pape avait inscrit pour la première fois dans ce texte une opposition catégorique à la peine de mort et a appelé l’Eglise à s’engager pour l’abolir “partout dans le monde”.

Le pape avait quitté à la mi-journée le Japon, où il a qualifié de “crime” l’usage de l’atome à des fins militaires ainsi que la possession même d’armes nucléaires. Il a aussi contesté la doctrine de la dissuasion nucléaire, une “fausse sécurité” qui envenime au contraire les relations entre les peuples, selon lui.

L’horreur de la guerre et des armes s’inscrit dans la continuité des papes qui l’ont précédé. Mais un rejet clair de la dissuasion nucléaire est en rupture avec le passé. Devant l’ONU en 1982, Jean-Paul II avait défini cette doctrine comme un mal nécessaire “dans les conditions actuelles”.

Le point d’orgue du périple de quatre jours du pape François a été ses rencontres chargées d’émotion à Nagasaki et surtout à Hiroshima avec des survivants des bombes atomiques larguées par les Etats-Unis sur ces deux villes en 1945.

Il y a salué un à un des rescapés du feu nucléaire, appelés “hibakusha” au Japon, venus à sa rencontre, échangeant quelques mots avec les uns, serrant leurs mains, enveloppant dans ses bras une femme en larmes.

“Ici, dans une lueur d’éclair et de feu, de tant d’hommes et de femmes, de leurs rêves et de leurs espérances, il n’est plus resté qu’ombre et silence”, a lancé le pape à Hiroshima, où le 6 août 1945 fut larguée par les Américains une bombe atomique, utilisée pour la première fois dans un conflit.

– Les larmes de ses parents –

François attendait depuis longtemps cette première rencontre avec cet archipel où il rêvait jeune d’être missionnaire.

En foulant le sol du Japon, le premier pape jésuite de l’histoire a suivi les traces d’un des fondateurs de la Compagnie de Jésus, François-Xavier, arrivé comme missionnaire dans le sud-ouest du pays en 1549.

Jeune enfant, il se souvient en outre avoir vu couler les larmes de ses parents lorsqu’ils avaient appris le bombardement nucléaire au Japon.

Sa visite a été l’occasion pour des survivants des bombes atomiques d’évoquer leurs terribles séquelles physiques et psychologiques.

“Même si vous surviviez, vous ne pouviez plus vivre comme des humains ni mourir comme des humains”, avait expliqué Sakue Shimohira, 85 ans, à la presse à Nagasaki, ville frappée à son tour le 9 août 1945.

Durant son voyage, le pape a aussi réconforté lundi des victimes du “triple désastre” (séisme, tsunami et accident nucléaire de Fukushima) du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon.

Il a alors évoqué la “préoccupation” suscitée par l’usage civil de l’énergie atomique, et appelé à une mobilisation renforcée pour aider les 50.000 personnes encore déplacées à cause de la contamination nucléaire dans leur région. Il a aussi appelé à “la prise de décisions courageuses (…) concernant les futures sources d’énergie”.

Dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape a confié son “opinion personnelle” sur l’énergie nucléaire. “Je n’utiliserais pas l’énergie nucléaire avant qu’il n’y ait une totale sécurité de son utilisation”, a-t-il précisé.

Le retour au Vatican du chef des 1,3 milliard de catholiques boucle une tournée en Asie qui l’avait mené auparavant en Thaïlande, pays où les catholiques, comme au Japon, sont ultra-minoritaires (moins de 0,6% de la population).

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