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L’Irak reprend Hawija, l’un des deux derniers bastions de l’EI

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L’Irak reprend Hawija, l’un des deux derniers bastions de l’EI

L’Irak a repris jeudi la ville de Hawija, qui était l’un des deux derniers bastions du groupe Etat islamique (EI) dans le pays, où ne subsiste plus qu’une poche jihadiste dans le désert frontalier de la Syrie.

Les forces irakiennes étaient entrées mercredi dans cette ville sunnite de plus de 70.000 habitants, surnommée le “Kandahar d’Irak” en référence au bastion des talibans en Afghanistan. Elles ont progressé très rapidement dans des quartiers entièrement désertés par leurs habitants et où l’EI n’a pas opposé de résistance, selon des journalistes de l’AFP.

De Paris, où il effectue une visite officielle, le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées, a proclamé à la mi-journée “la libération de la ville de Hawija”. “Il n’y a plus que la bande frontalière à reconquérir”, a-t-il ajouté, à l’issue d’un entretien avec le président français Emmanuel Macron.

Si Hawija a été reprise aux jihadistes –après trois années de pouvoir du “califat” autoproclamé sur des milliers de civils désormais déplacés dans des camps alentour–, les forces irakiennes poursuivent en effet les combats sur un autre front.

Depuis le 19 septembre, elle progressent lentement face aux mines déposées par les jihadistes au fur et à mesure de leur retraite, dans le désert occidental frontalier de la province syrienne de Deir Ezzor.

Dans cette zone, le long d’une frontière poreuse avec un pays déchiré depuis six ans par la guerre civile, les jihadistes ne tiennent plus que deux localités: Rawa et al-Qaïm.

Une troisième localité, Anna, a été reprise mais les opérations de déminage –qui s’étalent généralement dans le temps bien après l’annonce de la “libération”– n’y ont pris fin que jeudi.

– ‘Nettoyage’ –

Au cours de ces opérations, près d’un millier d’engins explosifs ont été découverts et désamorcés, a indiqué à l’AFP le chef de la Défense civile de la province d’Al-Anbar, le général Fawzy Yassine. “Ce nettoyage va permettre aux déplacés de revenir chez eux”, a affirmé de son coté à l’AFP Abdel Karim al-Ani, chef du conseil local d’Anna.

En une vingtaine de jours de combats violents à Hawija, ville située à 230 km au nord de Bagdad, les civils se sont une nouvelle fois retrouvés pris entre deux feux. Environ 12.500 personnes ont fui depuis le début de l’offensive, avait indiqué mardi l’ONU.

Les premiers civils sortis de Hawija ont raconté la peur de la vie quotidienne sous la coupe des jihadistes, et celle d’être utilisés comme bouclier humain par le groupe ultraradical, ont rapporté les humanitaires.

Selon l’ONG Norwegian refugee council (NRC), “aucune organisation internationale n’a pu entrer à Hawija sous le contrôle de l’EI depuis deux ans”, alors même que “la plupart des organisations humanitaires locales ne sont plus en état de fonctionner”.

L’Irak, dont près d’un tiers du territoire était tombé il y a plus de trois ans aux mains des jihadistes, reprend progressivement le contrôle au terme d’une longue série de combats menés par les forces militaires et paramilitaires. Celles-ci sont notamment aidées par les frappes aériennes de la coalition emmenée par les Etats-Unis.

– Bataille des infrastructures –

La bataille qui se joue concerne la reprise des villes mais également des infrastructures, ainsi que des voies de circulation et d’acheminement dans ce pays pétrolier.

Mercredi, les forces progouvernementales ont chassé les jihadistes de l’autoroute reliant Kirkouk et Tikrit, au sud de Hawija, un axe que les hommes du “califat” tenaient depuis trois ans, ont indiqué des sources de sécurité. La veille, elles avaient repris la centrale électrique de Harayat et le pont al-Fatha, à l’est de Baïji.

Désormais acculé dans tous ses fiefs en Irak et en Syrie, l’EI voit son “califat” proclamé en 2014 s’écrouler face aux offensives de ses adversaires soutenus par les Etats-Unis ou par la Russie.

L’autre grand dossier pour l’Irak, dont la quasi-totalité des efforts ont porté ces trois dernières années sur le combat ininterrompu contre les jihadistes, est la question kurde.

Les tensions à ce sujet se sont exacerbées avec la tenue le 25 septembre d’un référendum d’indépendance au Kurdistan irakien, auquel la province de Kirkouk –où se trouve Hawija– avait participé contre l’avis de Bagdad.

Jeudi, M. Macron a estimé que les droits des Kurdes devaient être “reconnus dans le cadre de la Constitution” pour “préserver (…) la stabilité et l’intégrité territoriale de l’Irak”. A ses côtés, M. Abadi a assuré qu’il ne voulait “pas la confrontation armée”, après le “oui” massif lors du référendum. “Nous ne voulons pas d’affrontements. Mais l’autorité fédérale doit prévaloir”, a-t-il martelé.

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