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L’opposant Saakachvili interpellé à Kiev après une perquisition chez lui

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L’opposant Saakachvili interpellé à Kiev après une perquisition chez lui

L’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, devenu opposant au pouvoir ukrainien, a été interpellé mardi après une perquisition à son domicile à Kiev dans le cadre d’une affaire criminelle qu’il dénonce comme montée de toutes pièces sur ordre du président Porochenko.

M. Saakachvili, farouche opposant à Petro Porochenko qui l’a déchu de sa nationalité ukrainienne, a été interpellé et accusé de “complicité avec une bande criminelle”, ce qui est passible de trois à cinq ans de prison, selon un communiqué des services de sécurité ukrainiens, le SBU.

M. Saakachvili est soupçonné d’avoir voulu “prendre le pouvoir par la force” lors de manifestations anticorruption, a indiqué le procureur général Iouri Loutsenko, qui a en outre accusé l’opposant d’être financé par l’ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, déchu en 2014 à la suite du soulèvement pro-européen du Maïdan à Kiev.

L’entrée de l’immeuble de M. Saakachvili, dans le centre de Kiev, a été bloqué dans la matinée par des dizaines de policiers armés et des agents du SBU, tandis qu’une foule de partisans de l’ex-président géorgien bloquaient dans la rue depuis plus d’une heure le fourgon où il a été embarqué, construisant également des barricades, selon un journaliste de l’AFP sur place.

M. Saakachvili s’était auparavant adressé à ses partisans depuis le toit de l’immeuble où était menée la perquisition, critiquant violemment les autorités ukrainiennes qu’il accuse de connivence avec le Kremlin.

“Porochenko est un voleur. Porochenko a trahi le peuple ukrainien. La bande qui a pris le pouvoir en Ukraine devra en répondre. Quoi qu’il m’arrive, ce sera un crime”, a-t-il lancé, selon des images de la télévision ukrainienne.

“Tout cela est fait sur ordre de Poutine, qui le demandait depuis longtemps. Cette action injuste est conduite sur la base d’éléments falsifiés et par motivation politique”, a-t-il ajouté, appelant ses partisans à sortir dans la rue pour protester contre son “enlèvement”.

La femme de Mikheïl Saakachvili, Sandra Elisabeth Roelofs, a de son côté dit dans un message posté sur Facebook espérer que l’altercation entre les manifestants et la police reste “pacifique”. Son fils Nikoloz, 11 ans, a écrit: “Ils pensent qu’ils ont gagné la bataille, mais en réalité, ils ont commencé à la perdre”.

A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part indiqué aux journalistes “suivre avec intérêt les événements actuels en Ukraine”, qualifiant la situation de M. Saakachvili de “difficile”.

– ‘Dictature des oligarques’ –

Devenu opposant au gouvernement pro-occidental de Kiev après l’avoir soutenu, Mikheïl Saakachvili a effectué en septembre un spectaculaire retour en Ukraine en forçant le passage à un poste frontière après que le président Porochenko l’eut déchu en juillet de sa nationalité ukrainienne, qu’il s’était vu accorder en 2015.

Il avait promis, au lendemain de son retour, de reprendre son combat politique en Ukraine, notamment contre “la dictature des oligarques” et le “pillage de l’économie” par les autorités de Kiev.

Nommé gouverneur de la région d’Odessa en 2015, M. Saakachvili avait démissionné avec fracas un an et demi plus tard, en accusant M. Porochenko de corruption. Le 17 octobre, après son retour en Ukraine, il avait réuni plusieurs milliers de manifestants à Kiev pour exiger du pouvoir d’en faire plus contre ce mal endémique qui ronge le pays.

L’ex-président géorgien fait parallèlement l’objet d’une demande d’extradition pour “abus de pouvoir” adressée par son pays natal, qui l’avait déjà privé de sa citoyenneté géorgienne après qu’il eut reçu la nationalité ukrainienne, faisant de lui aujourd’hui un apatride.

Alors que les prochaines législatives sont prévues en 2019 en Ukraine, le parti de M. Saakachvili, le “Mouvement des forces nouvelles”, n’est crédité que d’un peu plus d’1% des intentions de vote, selon un sondage publié en mai.

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