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L’UE et les marchés tremblent pour l’Italie

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L’UE et les marchés tremblent pour l’Italie

L’inquiétude montait mardi en Europe et sur les marchés face à l’évolution politique de l’Italie, pays fondateur de l’UE et de l’euro, en passe d’être dirigé par un gouvernement populiste et eurosceptique.

Les avertissements de la part de dirigeants européens se sont multipliés ces derniers jours à l’attention de la coalition anti-européenne qui se met en place à Rome.

D’autant plus que cette dernière ne cache pas ses intentions de pratiquer une politique de relance en laissant déraper le déficit public et la dette, au risque de provoquer une crise de l’euro.

Le président italien Sergio Matarella a demandé mardi de nouvelles consultations avant de décider s’il accepte ou non de nommer Guiseppe Conte, un juriste inconnu du grand public, proposé par les deux formations pour diriger le gouvernement. Son refus imposerait de nouvelles élections.

“Il y a quelque chose d’inquiétant, oui”, a reconnu la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avant une réunion ministérielle mardi à Bruxelles.

L’euro restait sous pression face au dollar mardi, après avoir atteint la veille un plus bas depuis mi-novembre.

Lundi, la Bourse de Milan avait perdu 1,52%, tandis que le spread – l’écart très regardé en Italie entre les taux d’emprunt italien et allemand à dix ans – avait poursuivi son ascension pour clôturer à 186 points (+55 points en moins d’une semaine).

Dans un entretien publié mardi dans le quotidien économique allemand Handelsblatt, le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis a lancé une mise en garde très explicite.

“La Commission européenne ne se mêle pas par principe de la politique nationale. Mais pour nous, il est important que le nouveau gouvernement italien maintienne le cap et mène une politique budgétaire responsable”, a déclaré le commissaire Letton, chargé de l’euro au sein de l’exécutif européen.

– “Jouer avec le feu” –

“L’Italie a l’endettement public le plus élevé de la zone euro après la Grèce”, a-t-il rappelé en forme d’avertissement, alors que le coût d’emprunt du gouvernement italien pour financer ses déficits sur les marchés financiers s’est accru ces derniers jours.

“Nous ne pouvons que conseiller de maintenir le cap en matière de politique économique et financière, de promouvoir la croissance via des réformes et de maintenir le déficit budgétaire sous contrôle”, a dit à ce sujet le vice-président de la Commission.

Il y a une semaine jour pour jour, un autre vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, avait déjà mis en garde le futur gouvernement italien contre toute velléité d’entorse au pacte européen de stabilité et de croissance.

“Les règles du pacte de stabilité et de croissance s’appliquent à tous les Etats membres de l’UE”, avait-il prévenu.

Ces avertissements répétés ont provoqué l’agacement des chefs des deux forces de la coalition italienne. “Laissez-nous commencer d’abord, ensuite vous pourrez nous critiquer, vous en aurez tous les droits, mais laissez-nous commencer”, avait déclaré lundi soir devant la presse Luigi Di Maio, le jeune chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S).

Et Matteo Salvini, patron de la Ligue d’ajouter: “Ils ne doivent pas s’inquiéter, le gouvernement dont nous ferons partie veut faire croître et repartir l’Italie, en respectant toutes les règles et les engagements”

Matteo Salvani avait déjà auparavant rejeté plusieurs déclarations sur ce sujet de partenaires européens.

Il avait ainsi qualifié d'”inacceptables” des avertissements du ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, qui se disait inquiet pour la stabilité de la zone euro.

M. Salvini avait aussi vivement réagi à une mise en garde d’un responsable du parti conservateur de la chancelière allemande Angela Merkel, Manfred Weber. “Qu’il s’occupe de l’Allemagne, et nous nous occuperons de ce qui est bon pour les Italiens”, avait-il lancé sur Twitter.

M. Weber avait accusé au cours du week-end les deux partis italiens de “jouer avec le feu car l’Italie est très endettée”. “Des actions populistes ou irrationnelles pourraient provoquer une nouvelle crise de l’euro”, avait-il dit à l’agence de presse allemande DPA.

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