L’information a failli passer inaperçue. Mercredi 3 octobre, un décret est publié au Journal officiel. Présenté par les ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur, il modifie les modalités de nomination des recteurs en ouvrant ce poste à 12 personnes sur 30 non titulaires de l’habilitation à diriger des recherches, au lieu de 6 actuellement. Le but: “diversifier le recrutement des recteurs pour mieux répondre aux exigences nouvelles du métier”.
Une académie réservée aux recteurs expérimentés
Mais derrière ce décret se cache une intention particulière: selon L’Obs, il permettrait à Emmanuel Macron de nommer une camarade de promotion de l’ENA, Charline Avenel, actuelle secrétaire générale de Sciences Po, à la tête de l’académie de Versailles. Cette dernière n’étant pas titulaire d’un doctorat, et le quota des 6 recteurs dans le même cas étant rempli, sa nomination n’était pas possible. Elle l’est désormais, maintenant que le décret a été publié. L’intéressée aurait déjà prévenu ses collaborateurs de SciencesPo de son prochain départ pour Versailles.
Contacté par L’Obs, l’Elysée assure que le changement des règles a été souhaité par Emmanuel Macron “bien avant que Charline Avenel ne soit dans le radar” pour l’académie de Versailles. Une académie qui aurait été proposée par Jean-Michel Blanquer pour la jeune énarque de 42 ans.
Ce choix étonne certains universitaires, qui reprochent sur les réseaux sociaux à Charline Avenel de n’avoir jamais dirigé d’académie dans le passé – ce qui selon eux la disqualifierait pour diriger celle de Versailles. Il s’agit de l’une des plus grandes de France: en tant que telle, elle est en général attribuée à des recteurs expérimentés. La polémique n’est pas sans rappeler la nomination de l’écrivain Philippe Besson, proche d’Emmanuel Macron, consul de Los Angeles. Un recours en justice a été intenté par un syndicat du Quai d’Orsay.