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Macron diplomate: des succès, des revers et des projets

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Macron diplomate: des succès, des revers et des projets

De l’Europe à l’Afrique, des Etats-Unis à la Russie, du Golfe à la Syrie, Emmanuel Macron mène depuis huit mois une diplomatie hyperactive et volontariste, en chantre d’un multilatéralisme dont la France serait le médiateur, une gageure dans un monde gagné par les nationalismes.

“Il a permis à la France de retrouver une forme de leadership, en tant que président d’une nouvelle génération et grâce à ses bonnes relations personnelles avec les autres dirigeants”, affirme l’Elysée. En recevant Vladimir Poutine et Donald Trump, en multipliant les entretiens avec ses homologues, “il a remis la France au niveau des grands pays”.

2018 sera “un année de défi” pour renforcer ces actions, estime son entourage: le chef de l’Etat est attendu en Chine, en Russie et en Iran et pourrait prendre une initiative sur le conflit israélo-palestinien.

Outre le multilatéralisme, Paris garde comme priorités le renforcement et la réforme de l’Europe ainsi que la lutte contre le terrorisme, en particulier au Sahel. Il se veut pragmatique et maintient des équilibres délicats, comme avec Trump, qu’il traite en ami tout en critiquant ses décisions sur Jérusalem ou sur l’accord de Paris.

M. Macron veut aussi prendre la tête de plusieurs combats globaux: lutte contre le réchauffement climatique, éducation et défense des femmes, longuement évoquée en Afrique.

En novembre, il est intervenu pour aider le Premier ministre libanais Saad Hariri à quitter l’Arabie Saoudite. Deux mois plus tôt, il s’était interposé entre Washington et Téhéran pour défendre l’accord sur le nucléaire iranien. Il a aussi appelé tous les leaders arabes au moment de la crise avec le Qatar. Ou encore réuni près de Paris les deux leaders libyens pour leur arracher un accord de paix.

– La Chine négligée ? –

Un volontarisme salué par la presse étrangère: l’influent hebdomadaire “The Economist” a ainsi désigné la France “pays de l’année 2017”.

“La diplomatie d’Emmanuel Macron marque un net changement de style. Par son allant, son sens tactique, il a changé l’image de la France. Mais le multilatéralisme est remis en cause par la Russie, les Etats-Unis, la Chine. Comment gèrera-t-il par gros temps”? s’interroge le directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Thomas Gomart.

Premier dossier épineux, l’Europe. “Il bénéficie d’un sentiment favorable en Europe, sauf à Varsovie, et a amélioré la crédibilité de la France à Berlin”, commente l’expert. “Mais il se heurte à l’inconnue du gouvernement de coalition en Allemagne. Le grand risque est aussi une déconnexion avec l’opinion” car le premier tour de la présidentielle a montré le poids des eurosceptiques.

A son actif, Emmanuel Macron a réussi à convaincre plusieurs pays de l’Est de voter un durcissement de la directive sur les travailleurs détachés.

Mais il est “handicapé par l’absence de partenaires en Europe: les Allemands sont absorbés par leurs négociations de coalition, les Italiens empêtrés dans leur politique intérieure et l’Espagne dans la crise catalane. Il se heurte aussi à une flambée ahurissante de néo-nationalistes dans le monde: Trump, Poutine, Erdogan, leaders arabes, Brexit”, renchérit Bertrand Badie, professeur à Sciences Po.

L’Elysée mise à la fois sur des avancées concrètes, comme l’Europe de la défense et la taxation des géants du numérique, et des “consultations citoyennes” dans l’UE pour recréer un lien avec les peuples mais aussi marquer des points en vue des élections européennes de 2019.

Pour les analystes, Emmanuel Macron a eu tort de négliger la Chine -il s’y rend le 7 janvier- qui pourrait se révéler un allié dans certains domaines, mais inquiète par ses ambitions militaires. Autre critique, l’échec de la France à créer un “groupe de contact” sur la paix en Syrie ou encore son initiative solitaire sur la Libye.

La récente tournée africaine du président, qui a voulu tourné la page du passé colonial, a elle été “un peu gâchée” par sa boutade sur le président burkinabé qui serait allé “réparer la climatisation”, juge Bertrand Badie. “Les réactions sur son attitude en Afrique sont contrastées”, confirme Thomas Gomart.

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