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Majoritaires à la Chambre, les démocrates pourront-ils exercer un contre-pouvoir ?

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Majoritaires à la Chambre, les démocrates pourront-ils exercer un contre-pouvoir ?

Forts d’une majorité à la Chambre des représentants, les démocrates américains vont disposer de leviers face à Donald Trump : élire la présidence de la Chambre, proposer ou contrer des projets de loi et créer des commissions d’enquête.

Les démocrates américains ont pu s’endormir avec le goût de la victoire dans la bouche, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 novembre. Du moins, avec la satisfaction d’avoir remporté la majorité des sièges à la Chambre des représentants, à défaut d’avoir vu déferler la vague bleue tant espérée. Mais pris en tenaille entre un Sénat aux mains des républicains et une Maison Blanche sous administration Trump, quelles marges de manœuvre peuvent-ils avoir pour exercer leur rôle de contre-pouvoir ?

Concrètement, les démocrates ont désormais en main quelques leviers : le budget et les lois doivent obtenir leur assentiment à la Chambre basse. Ils sont en mesure de créer des commissions d’enquête parlementaire, de s’intéresser de près à certains ministres et d’obtenir enfin la déclaration de revenus du président Donald Trump, qu’il a toujours refusé de produire. “Les enquêtes devront être menées avec stratégie et méthode, et cibler les enjeux d’intérêt public, tels que la corruption ou la gabegie”, estime le New York Times dans son éditorial.

L’impeachment est également à portée de main. La probabilité d’une procédure de destitution contre Donald Trump est d’autant plus élevée que les démocrates pourront ouvrir des enquêtes parlementaires sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du milliardaire et la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016, et ainsi enrichir le dossier d’enquête du procureur Robert Mueller.

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“La procédure d’impeachment n’est pas un pari censé ou gagnant”, tranche cependant le New York Times. Elle serait de toute façon vouée à l’échec : elle doit obtenir l’aval du Sénat, qui reste plus que jamais républicain. “Les démocrates ont tout intérêt à attendre que l’enquête de Robert Mueller mette en lumière des crimes et délits de haute importance, avant de décider de se lancer dans une procédure de destitution qui sera un cheminement douloureux et source de divisions. Il faudrait de toute façon convaincre au moins plusieurs de leurs collègues républicains de les suivre”, poursuit le New York Times.

À minima, la Chambre basse à majorité démocrate est en mesure de faire obstruction vis-à-vis des projets de loi émanant de la Maison Blanche et des représentants républicains telle qu’une nouvelle réforme des impôts ou la construction du mur anti-migrants à la frontière mexicaine. Les affaires étrangères et les nominations à la Cour Suprême échapperont cependant toujours aux démocrates, puisque ces dossiers sont dévolus au Sénat.

Trouver une autre voie que l’obstruction systématique

“Le piège pour les démocrates serait de s’enfermer dans une attitude obstructionniste, qui ne donnerait pas une image positive pour la présidentielle”, analyse sur France 24 Laurence Nardon, qui dirige le programme Amérique du Nord de l’Ifri (Institut française de relations internationales). “Le parti démocrate est traversé par des courants très différents, ce sera difficile de trouver une base commune. Le bon coup à jouer pour les démocrates serait de se mettre d’accord sur des enjeux communs avec Donald Trump pour montrer qu’ils sont constructifs.”

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Les premières paroles post-résultats de la cheffe de file des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, constituent un appel à la conciliation. “Nous en avons assez des divisions. Le peuple américain veut la paix et des résultats positifs pour leur vie.” Or l’antagonisme est tel, entre le camp démocrate et l’administration Trump, qu’une convergence de vues relève de la gageure.

L’enjeu principal pour les démocrates va être d’obtenir des avancées réelles sur leurs promesses de campagne : abaisser le prix des médicaments et des soins de santé, investir dans les infrastructures – routes, hôpitaux, écoles – qui pâtissent du désengagement étatique et renforcer les règles garantissant l’intégrité morale des élus. “Ce sont des causes populaires, bénéficiant de l’intérêt des deux partis”, analyse le New York Times.

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Les démocrates se sont engagés sur des promesses “pour lesquelles le président a exprimé son enthousiasme, réel ou feint”, poursuit le quotidien. Cela donnera aux démocrates l’opportunité de mettre Trump au pied du mur : sa volonté de progresser sur ses objectifs est-elle réelle, ou ses intentions sont-elles juste de mener une bataille partisane et hypocrite pour le reste de son mandat ?

Quoi qu’il en soit, la première étape pour les démocrates – une fois la nouvelle Chambre réunie à partir de janvier 2019 – sera d’élire une personne issue de leur rang au perchoir. Les ambitions de Nancy Pelosi, actuelle cheffe du groupe démocrate, à la présidence de la Chambre, un poste qu’elle a déjà occupé de 2007 à 2011, seront contrecarrées par de nouveaux prétendants qui veulent incarner le renouveau démocrate validé par les urnes. Telle sera la première épreuve à surmonter pour le parti démocrate : s’accorder sur le nom de la personne qui incarnera et rassemblera suffisamment le parti pour ne pas plomber les ambitions présidentielles de 2020.

Première publication : 07/11/2018

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