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Mort de Jacqueline Sauvage, symbole des violences conjugales

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Mort de Jacqueline Sauvage, symbole des violences conjugales

Jacqueline Sauvage, devenue pour beaucoup un symbole des violences conjugales après sa condamnation pour avoir tué son mari de trois balles dans le dos, est décédée à 72 ans, un peu plus de trois ans après sa sortie de prison, en décembre 2016, à la faveur d’une grâce présidentielle.

Selon le quotidien La République du Centre, qui a révélé l’information, Mme Sauvage est décédée le 23 juillet à son domicile de La Selle-sur-le-Bied (Loiret), commune d’un millier d’habitants où s’est noué le drame conjugal.

Les cause du décès n’ont pas été révélées. Sylvie, l’une des filles de Jacqueline Sauvage, l’a confirmé par SMS à l’AFP, précisant que les obsèques avaient eu lieu mardi.

“Elle nous quitte jeune. L’ensemble de ces souffrances a participé à ce qu’elle nous quitte si tôt”, a estimé l’une de ses avocates, Me Nathalie Tomasini, “très choquée”.

“Jacqueline Sauvage (…) a participé à éveiller les consciences par rapport à l’existence de ces femmes qui se sont battues pendant des années dans le huis clos familial et dans l’omertà de la société”, a-t-elle déclaré à l’AFP.

“C’est le parcours d’une femme qui a souffert le martyre dans le huis clos familial mais aussi après, compte tenu de l’incompréhension des magistrats”, a-t-elle ajouté.

En première instance comme en appel, Jacqueline Sauvage avait été condamnée aux assises à dix ans de réclusion pour avoir tué son mari de trois balles dans le dos.

Après quatre années derrière les barreaux, marquées par une vaste mobilisation en sa faveur, elle était sortie de prison à 69 ans à la suite d’une grâce totale accordée par François Hollande. La décision de l’ancien président de la République avait soulevé de nombreuses critiques, notamment parmi les magistrats.

“Elle n’a pas beaucoup profité de sa tranquillité”, a regretté Eva Darlan, la présidente de son comité de soutien.

A la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a estimé que Jacqueline Sauvage “était devenue le visage, le symbole de la lutte contre les violences conjugales”.

“Ce combat contre les violences conjugales et pour lutter contre ce fléau dans notre pays ne s’arrêtera pas”, a-t-il dit.

La militante féministe Fatima Benomar, membre de #Noustoutes, a écrit sur Twitter que Jacqueline Sauvage a été “l’un des visages qui a permis de faire comprendre au grand public ce qu’était le continuum des violences patriarcales et le stress post-traumatique. Comme 85% des victimes, tu n’avais jamais porté plainte”.

– “Je n’ai plus peur” –

Son histoire et son calvaire avaient pourtant beaucoup ému. Jacqueline Sauvage l’avait d’ailleurs raconté dans un livre, sorti en mars 2017, au titre évocateur: “Je voulais juste que ça s’arrête”.

Elle y relate ses 47 années de vie avec le père violent de ses quatre enfants. “Ma vie me semble un champ de ruines. Mes filles ont subi le pire, mon fils est mort. A quoi bon ?”, écrit-elle alors, regrettant n’avoir pas “su trouver les mots” lors de ses deux procès.

Dans le livre, elle estime que les magistrats n’ont pas cherché à la comprendre et qu’ils ont mis en doute la parole de ses filles, qui avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues.

Symbole de la vive émotion suscitée par l’histoire de cette femme, un téléfilm inspiré du livre, “Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi”, avait réuni près de huit millions de téléspectateurs en 2018.

“Jacqueline était devenue le symbole du combat contre les violences conjugales”, a réagi mercredi Muriel Robin, qui l’avait incarnée à l’écran.

“La souffrance de Jacqueline n’aura pas servi à rien. En revanche, la souffrance de beaucoup d’autres, plus de 300 par an, n’est pas entendue. Qui prendra le relais?”, a-t-elle estimé sur Europe 1.

“Quand on s’appelait au téléphone, je lui demandais comment elle allait”, a continué l’actrice. “Elle me répondait: +Je n’ai plus peur. C’est bien de se lever le matin et de ne pas avoir peur+”.

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