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“Né d’un don de sperme anonyme, j’ai retrouvé mon géniteur”

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“Né d’un don de sperme anonyme, j’ai retrouvé mon géniteur”

Il y a dix ans, Arthur Kermalvezen, né d’un don de sperme, confiait à “Closer” son combat pour retrouver son géniteur. Aujourd’hui, son père biologique a accepté de le rencontrer. 

Seul garçon entre deux sœurs, nées également par PMA, Arthur a toujours su comment lui et ses sœurs étaient nés, ses parents ne leur ayant jamais caché la vérité. Mais, pour lui, le déclic s’est produit un peu avant de passer son baccalauréat, à la suite d’un accident de scooter : “J’aurais pu mourir. A l’hôpital, j’ai eu le temps de réfléchir. Je tournais en boucle sur mes origines. Il était vital de passer à l’action.”

Depuis, cet agent commercial de 34 ans, marié à une avocate – elle aussi issue d’un “spermatozoïde inconnu” – et père de deux garçons, a écrit, à 24 ans, alors qu’il était étudiant en psychologie et déjà engagé dans l’Association Procréation médicalement anonyme, un livre sur le sujet : Né de spermatozoïde inconnu (disponible aux éditions Presses de la Renaissance, 2008).

“Tu dois avoir 100 000 questions et je vais tout faire pour y répondre”

En décembre 2017, le jour de Noël, il reçoit un énigmatique appel sur son portable : “Bravo de m’avoir retrouvé, entend-il au bout du fil. Tu dois avoir 100 000 questions à me poser et je vais tout faire pour y répondre.” Victoire ! Arthur a réussi, enfin, à retrouver une partie de ses origines : “J’ai cherché pendant tout ce temps quelqu’un qui vivait à une heure trente de chez moi”, avait-il confié lors d’une conférence de presse, à Paris.

Quelques jours plus tôt, Arthur avait confié une lettre – à lui remettre en main propre – à l’un des voisins de son géniteur. “Je me présente, écrivait-il, je m’appelle Arthur. J’ai 34 ans. Depuis toujours je me demande à qui je dois d’être né.” Arthur précise dans sa lettre qu’il a déjà un père : “Je n’en cherche pas un autre, ni un héritage.”

Les enfants nés de don anonyme sont privés du droit élémentaire de savoir d’où ils viennent

Arthur sait déjà que son père biologique a environ 70 ans, qu’il est donneur de sang régulier et père de deux enfants. Son géniteur lui révèle qu’il est porteur d’une anomalie génétique grave. “Je devrais faire une prise de sang pour savoir si j’en ai hérité et mes enfants aussi.” Mais Arthur ne regrette rien. En septembre, et malgré la loi française qui protège l’anonymat des donneurs, Arthur et une dizaine d’adultes, dont Audrey, sa femme, tous nés par procréation médicalement assistée (PMA), ont réalisé un test salivaire d’ADN de la société californienne 23andMe, au sein de l’Association Procréation médicalement anonyme, qui lutte pour l’accès aux origines des enfants nés de donneurs anonymes. Pour 99 dollars, l’entreprise américaine analyse le génome et le compare aux autres utilisateurs du test.

Le 10 octobre, les résultats sont tombés. Arthur a une origine commune avec un certain Larry, un jeune Londonien d’origine franco-britannique, qui sera le point de départ pour remonter jusqu’à son géniteur. De son côté, Audrey se découvre une demi-sœur et un demi-frère parmi les membres de l’Association ! Pour expliquer sa démarche, Arthur, conçu lors d’une insémination artificielle avec donneur, écrivait en 2008 : “Je ne cherche pas un second père, j’aime ma famille. Etre père, c’est un job à plein temps. Mon père se débrouille très bien. […] Les enfants nés d’un donneur anonyme sont privés du droit élémentaire de savoir d’où ils viennent.” Une aberration à l’heure des tests génétiques privés, interdits en France. Or enfreindre la loi est un délit puni de 3 750 € d’amende. Grâce aux réseaux sociaux, Arthur a retrouvé la trace de son donneur en seulement douze heures, alors que les débats des états généraux de la bioéthique se déroulent, en France, jusqu’au mois de juin.