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Nucléaire: décès du patron de l’AIEA, en quête d’un nouveau chef

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Nucléaire: décès du patron de l’AIEA, en quête d’un nouveau chef

En pleine crise autour du dossier iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) va devoir se trouver un nouveau patron après le décès du diplomate Yukiya Amano qui dirigeait le gendarme du nucléaire mondial depuis dix ans.

L’AIEA a annoncé lundi le décès de son chef, précisant que le Japonais Yukiya Amano, âgé de 72 ans et malade depuis plusieurs mois, était mort jeudi 18 juillet. Sa famille n’avait pas souhaité que l’information soit connue avant le déroulement des funérailles, lundi, a ajouté l’AIEA.

Le diplomate dirigeait depuis 2009 cette agence de l’ONU chargée notamment du suivi des engagements de l’Iran au titre de l’accord nucléaire de 2015.

Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a été parmi les premiers responsables internationaux à rendre hommage aux “compétences professionnelles” et à “l’habileté” de Yukiya Amano.

Le président russe Vladimir Poutine a dit “admirer sa sagesse et sa clairvoyance” tandis que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, a salué “son engagement inégalé pour une énergie nucléaire pacifique”.

Pour le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, il a su faire preuve de “sang-froid et de détermination” dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, l’une des missions de l’AIEA.

Yukiya Amano accomplissait son troisième mandat qui s’achevait en novembre 2021 mais devait annoncer cette semaine son départ anticipé en mars 2020 pour raisons de santé.

Dans la lettre qu’il devait envoyer à ses collaborateurs, le diplomate se félicitait “des résultats concrets” obtenus durant son mandat “pour atteindre l’objectif du +nucléaire pour la paix et le développement+”, et se disait “très fier des réalisations” de l’agence, selon un communiqué de l’AIEA.

L’agence, dont le siège se trouve à Vienne, va devoir organiser sa succession alors qu’elle est mobilisée par le suivi du programme nucléaire iranien dans un contexte de montée des tensions entre Téhéran et Washington.

Un intérim va d’abord être mis en place à la tête de l’AIEA alors que la désignation et l’entrée en fonction d’un directeur général est un processus long qui, dans des circonstances ordinaires, prend environ une année, a indiqué à l’AFP une source diplomatique.

En riposte au retrait américain de l’accord nucléaire de 2015, Téhéran a commencé début juillet à s’affranchir de certaines obligations relatives à son programme nucléaire.

L’Iran espère ainsi forcer les parties restantes à l’accord -France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, Russie- à l’aider à contourner les sanctions américaines rétablies par le président américain Donald Trump et qui étranglent son économie.

Téhéran a menacé de se désengager un peu plus de l’accord au terme de chaque tranche de 60 jours, sans exclure une sortie de l’accord de Vienne et du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont l’AIEA est le garant.

– L’AIEA inspecte l’Iran –

Au titre du Protocole additionnel au TNP auquel Téhéran a souscrit en 2015, l’Iran a accepté que les inspecteurs de l’AIEA contrôlent toutes ses activités nucléaires, multiplient les visites de terrain inopinées et exploitent des milliers d’images de vidéosurveillance en temps réel. Yukiya Amano avait souligné que ce régime de vérification était le plus dur au monde.

A ce stade, la République islamique n’a pas remis en cause ces inspections et ce protocole dont elle était déjà sortie en 2006.

Conformément à sa tradition, l’AIEA réaffirme régulièrement rendre des expertises techniques, sans s’avancer sur le terrain politique. Mais elle n’en est pas moins régulièrement soumise à des tentatives de pressions dans ce dossier iranien à haute portée diplomatique.

La nomination du patron de l’AIEA, qui rassemble 171 Etats au total, est décidée par les 35 Etats membres du conseil des gouverneurs de l’agence, comprenant notamment les pays les plus avancés en matière de technologie nucléaire.

Parmi les favoris pour succéder au diplomate japonais circulent les noms du Roumain Cornel Feruta, proche collaborateur de Yukiya Amano au poste de coordinateur en chef du bureau du directeur général et celui de Rafael Grossi, ambassadeur argentin auprès de l’AIEA.

Interrogé par l’AFP sur un risque de politisation de la désignation du successeur de Yukiya Amano, Mark Hibbs, chercheur associé au programme de politique nucléaire du centre Carnegie, estime que l’AIEA “va vouloir limiter le risque que l’élection s’aventure dans des domaines politiques”, afin de rester concentrée sur ses missions techniques.