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Pakistan : cinq blogueurs disculpés des accusations de blasphème

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Pakistan : cinq blogueurs disculpés des accusations de blasphème

Cinq blogueurs pakistanais, connus pour leur soutien à la laïcité sur les réseaux sociaux et dont la disparition avait fait la Une en janvier, ont été disculpés des très lourdes accusations de blasphème qui pesaient contre eux, a indiqué vendredi un avocat du dossier.

Des responsables de l’Agence fédérale d’enquête (FIA), qui menait les investigations, “ont dit à la cour qu’il semblait que les cinq blogueurs n’étaient pas impliqués dans du blasphème”, a déclaré à l’AFP Tariq Asad, l’un des avocats qui leur étaient opposés.

“Le juge a remarqué qu’aucun individu innocent ne peut être impliqué dans une fausse affaire de blasphème” et les a disculpés, a-t-il poursuivi.

Les cinq hommes, qui faisaient publiquement connaître leur opposition à l’islam radical, l’armée ou le gouvernement sur les réseaux sociaux, avaient disparu à quelques jours d’intervalle en janvier, faisant craindre une reprise en main sévère de l’Etat sur la toile. Des manifestations de soutien s’étaient alors tenues dans plusieurs villes du pays.

Face à cette mobilisation, une campagne avait été lancée sur les réseaux sociaux et dans des émissions télévisées, où les disparus avaient été accusés d’être des blasphémateurs, déclenchant un flot de menaces.

Le blasphème est un crime passible de la peine de mort au Pakistan, même si aucun condamné dans ce genre d’affaire n’a encore été exécuté. De simples accusations aboutissent régulièrement à des meurtres.

Quatre des blogueurs avaient été libérés fin janvier. Certains se sont plaints d’avoir été torturés. Le sort du cinquième n’est pas connu.

Aucun groupe n’a revendiqué leur kidnapping, auquel le gouvernement et la très puissante armée pakistanaise ont nié avoir pris part.

La décision de vendredi “a au moins questionné l’impunité totale dont bénéficient les agences” de renseignement pakistanaises, a toutefois déclaré à l’AFP Ahmad Waqass Goraya, l’un des blogueurs relâchés, qui vit aux Pays-Bas.

Les défenseurs des droits de l’Homme critiquent de longue date la loi punissant le blasphème, souvent détournée pour régler des conflits personnels. Des ONG et observateurs estiment que les campagnes d’accusations de blasphème sont orchestrées, afin de faire taire les voix libérales.

Le Pakistan est régulièrement classé comme l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes. Critiquer l’armée y est considéré comme particulièrement risqué. Les journalistes sont parfois détenus, frappés ou même tués.

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