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Pakistan: le premier ministre démis pour corruption

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Pakistan: le premier ministre démis pour corruption

Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, chassé du pouvoir vendredi dans un scandale de corruption, a connu une carrière politique longue et mouvementée, marquée par plusieurs années d’exil et trois mandats interrompus avant terme.

Âgé de 67 ans, ce magnat de l’acier surnommé « le lion du Pendjab » avait déjà vu ses ambitions de chef du gouvernement contrariées en 1993 en raison de soupçons de corruption, puis en 1997 suite à un putsch du général Pervez Musharraf. Chaque fois, il avait réussi à rebondir, profitant des vicissitudes de la vie politique pakistanaise.

Largement réélu en 2013 pour un troisième mandat historique, il avait réalisé la première transition démocratique au Pakistan d’un gouvernement civil à un autre, héritant au passage d’une situation budgétaire critique, doublée d’une crise énergétique chronique.

Le scandale qui lui coûte à nouveau son poste a éclaté l’an dernier lorsque le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a rendu publics quelque 11,5 millions de documents secrets émanant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, les Panama Papers.

M. Sharif s’est vu accuser d’avoir caché la vérité sur les sociétés et biens immobiliers détenus via des holdings off-shore par ses enfants. Trois de ses quatre enfants sont mis en cause, ses fils Hasan et Hussein et sa fille Maryam Nawaz, jusqu’ici pressentie comme son héritière en politique.

Pour Maryam Aurangzeb, sa désormais ex-ministre de l’Information, M. Sharif demeure en dépit de sa défaite judiciaire « victorieux dans les coeurs » des Pakistanais.

« L’Histoire est témoin du fait qu’à chaque fois que Nawaz Sharif a été contraint de partir, le peuple pakistanais l’a soutenu encore davantage », a-t-elle dit.

Rival de Benazir Bhutto

Silhouette ronde et crâne dégarni, M. Sharif est perçu dans son pays comme une figure combative, même s’il se montre plus discret sur la scène internationale. Il est immanquablement vu vêtu d’un shalwar kameez, l’habit traditionnel pakistanais, composé d’une tunique longue et d’un pantalon ample.

Né le 25 décembre 1949 dans une riche famille d’industriels du Pendjab, considéré comme le centre de gravité politique et économique du pays, Nawaz Sharif a suivi des études de droit avant de rejoindre l’aciérie de son père.

Il a fait son entrée en politique sous le parrainage du dictateur militaire Zia-ul Haq, accusé d’avoir favorisé une islamisation radicale du pays.

En 1990, il a battu aux élections sa traditionnelle rivale Benazir Bhutto. Après trois ans au pouvoir, il fut renvoyé en raison de soupçons de corruption et remplacé par cette dernière.

Revenu en 1997 à la tête du gouvernement avec une large majorité, il lança des politiques libérales et de grands travaux qui cimentèrent sa popularité.

C’est surtout sous son gouvernement que le Pakistan est devenu le seul pays musulman doté de l’arme nucléaire, une réalisation populaire dans ce pays très nationaliste.

Destitué en 1999 par le putsch du général Musharraf, Sharif fut condamné à la prison à vie avant d’être autorisé à s’exiler en Arabie saoudite.

Rentré au pays en novembre 2007 pour participer aux législatives marquées par l’assassinat de Benazir Bhutto, il ne revint au pouvoir que cinq ans plus tard.

Sharif s’était notamment fixé comme objectif de faire la paix avec l’Inde rivale, conscient des opportunités économiques que cela représenterait, mais ne peut se prévaloir d’aucune percée sur ce dossier.

Au final, son gouvernement a largement abandonné les questions de politique étrangère et de sécurité intérieure à la toute-puissante armée, qui a dirigé le pays pendant la moitié de ses 70 ans d’histoire.

Il a en revanche à son actif d’avoir réussi à attirer d’importants investissements chinois pour développer les infrastructures du pays et orchestré une reprise liée à un mini-boum de la construction ainsi qu’une légère amélioration de la situation énergétique.

Les violences ont également nettement diminué sous sa mandature dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan et dans la mégapole portuaire de Karachi – mais le mérite en est largement attribué à l’armée.

AFP

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