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Partout en France, les personnels hospitaliers crient misère

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Partout en France, les personnels hospitaliers crient misère

Manque de bras, de temps et de matériel: dans tous les cortèges de personnels hospitaliers qui ont défilé jeudi dans les grandes villes françaises, les mêmes histoires reviennent et racontent un système détraqué, qui laisse les patients “sur le carreau” et fait “craquer” les soignants.

A Toulouse, “c’est allé trop loin”

Isabelle Roger, kinésithérapeute

“Là, c’est allé trop loin. On est tout le temps obligé de trier, de prioriser. Parfois on ne peut même pas sortir un patient de son lit pendant deux jours.”

“On fait des journées très longues, mais le plus dur c’est le poids psychologique par rapport aux patients, quand on en laisse la moitié sur le carreau.”

A Marseille, “économies à tous les niveaux”

Morgane Girard, psychologue clinicienne

“On a un bureau pour cinq, une demi-heure par patient, et une liste d’attente pour consulter un psychologue qui atteint un an pour certains.”

“Les économies se font à tous les niveaux, de la pâte à modeler pour les enfants patients aux boîtes de mouchoirs en papier pour lesquelles on doit se battre”.

A Strasbourg, “il faut avoir la foi”

Elodie Lehacaut, infirmière

“On ne prend plus en charge que la phase aiguë, plus les patients en convalescence. C’est du travail humain mais à la chaîne. Et on n’a pas de pause fixe, c’est seulement si le service le permet.”

“Moi j’aime mon métier, mais il faut avoir la foi. On se demande dans quel état on va arriver à la retraite. On voit les collègues craquer les uns après les autres.”

A Lille, “on ne s’y retrouve plus”

Clément Fournier, pneumologue

“La situation du service public hospitalier ne fait que se dégrader avec des soignants qui sont de plus en plus en souffrance. On reste sur l’idée qu’on a le meilleur système de santé du monde, ça n’est plus vrai depuis plusieurs années.”

“Soit ça change, soit on va être de nombreux médecins à se poser la question de quitter l’hôpital public, parce qu’on ne s’y retrouve plus.”

A Bordeaux, “des histoires de rentabilité”

Gilles Combeau, infirmier anesthésiste

“Au bloc opératoire, au lieu de faire un programme des opérations de 8h à 16h, on est obligé de le faire de 8h à 23h: pour des histoires de rentabilité, on ne travaille plus qu’avec trois salles alors qu’on en a cinq.”

“Normalement, les opérations programmées devraient être réglées plus tôt. Ca fait forcément une mauvaise prise en charge.”

A Besançon, “plus assez de matériel”

Cécile Fourgeux, étudiante en 6e année de médecine

“Les médecins ont tellement de travail qu’ils n’ont plus le temps de nous apprendre le métier, on est de moins en moins bien formés. Nous, étudiants, il nous arrive de faire du travail administratif et de remplacer les secrétaires.”

“Et on n’a plus assez de matériel. Une fois, j’ai entendu un chirurgien dire +On n’a plus un bistouri qui coupe correctement+. Vous imaginez, un bistouri qui ne coupe pas bien, pour une opération ?”

A Rennes, “on tire sur la corde”

Céline Vigneau, néphrologue

“Nous ne sommes pas en grève contre notre direction, mais pour sauver l’hôpital public, pour augmenter le financement de la santé.”

“Nous manquons de lits parce qu’on ne peut pas embaucher de personnel, on tire sur la corde avec un personnel qui doit s’occuper de plus en plus de malades. Nous avons une médecine moins humaine. Nous n’avons plus de temps à consacrer à nos malades.”

A Paris, “la méthode du tourniquet”

Mareva Lhermitte, interne en pédo-psychiatrie

“Je peux être de garde le vendredi, c’est à dire travailler de 18h à 8h30 le lendemain, sans qu’on me donne mon temps de repos sécuritaire derrière.”

“En psychiatrie, il y a parfois des listes d’attente de 10 à 12 patients, donc nous appliquons la méthode du tourniquet: les patients sont hospitalisés pendant trois semaines uniquement, avant d’être +relâchés+, ce qui n’est souvent pas assez.”

burs-gbh/cel/cam

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