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Patinage: l’ex-entraîneur accusé de viol par Sarah Abitbol lui présente “ses excuses”

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Patinage: l’ex-entraîneur accusé de viol par Sarah Abitbol lui présente “ses excuses”

L’ancien entraîneur Gilles Beyer, accusé de viols et d’agressions sexuelles au début des années 90 par une figure du patinage artistique, Sarah Abitbol, a concédé vendredi “des relations intimes” et “inappropriées”, lui présentant des “excuses” refusées par l’ancienne championne.

Ses “excuses”, via une déclaration écrite à l’AFP, interviennent avant un rendez-vous, lundi à 16h, qui s’annonce houleux entre la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, et l’inamovible président de la Fédération des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet, sur le rôle de la fédé dans la poursuite de la carrière de Gilles Beyer, malgré des soupçons.

Tout en refusant ses excuses, Sarah Abitbol a d’ailleurs déclaré sur le site internet de L’Obs qu’elle attendait une deuxième étape, “celle qui mettra en lumière la responsabilité de tous ceux qui ont couvert, dans le club (les Français volants) et à la fédération”.

Dans un livre témoignage paru jeudi (“Un si long silence”, Plon), celle qui a été dix fois championne de France de patinage artistique en couple, multimédaillée européenne et mondiale en couple, a livré pour la première fois la face sombre de sa carrière, accusant l’ancien entraîneur de l’avoir violée et agressée sexuellement plusieurs fois entre 1990 à 1992, une période couverte par la prescription.

– “faute” –

“Il a commencé à faire des choses horribles, jusqu’aux abus sexuels et j’ai été violée à 15 ans. C’était la première fois qu’un homme me touchait”, a-t-elle notamment témoigné dans une vidéo sur le site de L’Obs, en évoquant l’épisode d’un stage d’espoirs à La Roche-sur-Yon.

Gilles Beyer, 62 ans, a pris la parole vendredi pour faire “ses excuses”, trente ans plus tard.

“Je reconnais avoir eu des relations intimes avec elle. Si mes souvenirs sur leurs circonstances exactes diffèrent des siens, j’ai conscience de ce que, compte tenu de mes fonctions et de son âge à l’époque, ces relations étaient en tout état de cause inappropriées”, déclare notamment l’ancien champion de France de patinage artistique (1978), qui fut ensuite entraîneur national et directeur des équipes de France, un poste d’agent public rattaché à la fédération.

Interrogé par l’AFP sur la nature précise de ses “relations intimes”, il s’est refusé à tout commentaire.

“Il s’agit donc d’une faute, dont je ne mesurais pas le mal qu’elle a pu lui causer (…) Je suis sincèrement désolé et je présente à Sarah Abitbol mes excuses”, a ajouté Beyer, souhaitant “une vie apaisée” à l’ex-patineuse.

“Même si je le comprends, je regrette qu’elle ne m’ait pas parlé pendant toutes ces années puisque nous nous sommes régulièrement croisés sans qu’à aucun moment je puisse percevoir la profondeur de ses blessures”, a poursuivi l’ancien entraîneur, qui n’exclut pas de “(s)’exprimer sur (sa) version des faits”.

– Gailhaguet sous pression –

“Ce ne sont pas des +relations inappropriées+, mais des viols ! (…) je ne l’excuse de rien !”, a réagi Sarah Abitbol dans L’Obs. Dans son livre, elle évoque un “véritable système”, nourri par une “omerta”, pour que les faits soient tenus sous silence.

“Sa place elle est en prison”, a lancé peu après, sur BFMTV, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

Au début des années 2000, sur la base d’un signalement de parents, Gilles Beyer avait fait l’objet d’une enquête judiciaire qui n’a pas abouti, puis d’une enquête administrative, qui a conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d’Etat, le 31 mars 2001, a confirmé le ministère à l’AFP.

Malgré cette mise à l’écart, Gilles Beyer a poursuivi sa carrière au club parisien des Français volants, présidé par son frère Alain, jusqu’à son éviction vendredi, et a effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018.

Ce maintien en poste met sous pression le patron de la fédé, Didier Gailhaguet, président depuis 1998, sauf une parenthèse entre 2004 et 2007.

Roxana Maracineanu a fait savoir qu’elle attendait qu’il lui explique “comment cet individu a pu se retrouver dans l’écosystème” alors qu'”il est tout à fait improbable que la fédération n’ait pas eu connaissance des mesures prises à son encontre”.

Sa prédécesseure Marie-George Buffet (1997-2002), en poste quand Gilles Beyer a été sanctionné par le ministère, a été plus directe, en souhaitant jeudi, au micro de RMC Sport, la “démission” de Gailhaguet.

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