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Patrick Balkany libéré, au dernier jour de son marathon judiciaire

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C’est le dernier de ses procès pour fraude et blanchiment, et c’est le dernier jour en prison de Patrick Balkany: la cour d’appel de Paris a libéré mercredi un homme malade, qui n’est plus que l’ombre du puissant baron de la droite française de jadis.

Visage émacié et faible sourire aux caméras, Patrick Balkany est sorti en fin d’après-midi de la maison d’arrêt de la santé, où il était incarcéré depuis le 13 septembre, avec de fréquents séjours à l’hôpital.

Au vu d’une alarmante expertise médicale, la cour d’appel avait consacré mercredi dans l’urgence une audience à une nouvelle demande de libération du maire LR de Levallois-Perret, dans la foulée de son procès en appel pour blanchiment.

Constatant que l’état de santé de Patrick Balkany, qui souffre d’une grave pathologie digestive et de dépression, “est difficilement compatible avec la détention”, la cour “libère” le maire de Levallois et lui impose un contrôle judiciaire léger, sans caution, a déclaré la présidente Sophie Clément.

“Le bonheur, ça ne se décrit pas”, a réagi Isabelle Balkany, 72 ans, devant la prison de la Santé, expliquant être “partie comme une folle de la mairie” pour venir chercher son époux.

“La cour n’a pas fait de cadeau à Balkany, c’est juste que la situation médicale indiquait que ce n’était plus possible”, a pour sa part déclaré l’avocat du maire Romain Dieudonné, qui avait demandé dans la matinée “la justice” pour un homme malade, “déjà un genou à terre”.

Le maire de Levallois, commune cossue de l’ouest parisien ravie il y a plus de 30 ans aux communistes, n’est déjà plus selon sa famille qu’un futur retraité, un septuagénaire fragile, qui “a perdu près de 30 kg en cinq mois”.

– Fraude “malicieuse” –

Le parquet général a requis contre lui prison ferme et inéligibilité pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et prise illégale d’intérêts, parmi les “plus graves atteintes à la probité”.

Face à la menace de l’exécution provisoire de la peine complémentaire d’inéligibilité, le couple Balkany, uni à la ville comme dans la vie depuis 44 ans, a choisi de se retirer de la course aux municipales de mars.

Pour cela, et en dépit d’une fraude “malicieuse” dissimulée par un chapelet de sociétés offshore, le parquet général a pris des réquisitions moins sévères qu’en première instance, demandant quatre ans ferme contre le maire, sans incarcération immédiate, et deux ans ferme contre son épouse, ainsi que la confiscation du moulin de Giverny (Eure) dont ils ont l’usufruit.

“J’aurais préféré que mon client pèse encore 100 kg, qu’il soit dans le box”, a plaidé son avocat Romain Dieudonné, qui espère l’avoir à ses côtés à l’audience quand la justice rendra ses décisions dans les affaires impliquant le couple, le 4 mars dans le volet fraude fiscale et le 22 avril dans le volet blanchiment.

Les Balkany sont soupçonnés d’avoir dissimulé 13 millions d’euros d’avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse à Saint-Martin et Dar Guycy à Marrakech.

S’ils ont reconnu quelques “fautes” et la propriété de la villa antillaise, ils contestent vigoureusement le montant des avoirs en cause et se targuent de n’avoir jamais détourné “un centime d’argent public”.

Le couple continue de nier la possession d’un riad à Marrakech en dépit des peignoirs brodés aux initiales “PB”, des livres dédicacés, des meubles payés par Isabelle Balkany retrouvés dans la villa saharienne.

En première instance, le tribunal avait condamné Patrick Balkany à cinq ans de prison pour blanchiment aggravé, avec incarcération immédiate, et son épouse à quatre ans d’emprisonnement mais sans mandat de dépôt, eu égard à sa santé fragile. Tous deux avaient été condamnés à dix ans d’inéligibilité et la saisie de leurs biens avait été ordonnée.

Cette lourde condamnation venait s’ajouter aux peines de prison ferme infligées pour fraude fiscale: quatre ans pour lui et trois ans pour elle.

S’ils étaient condamnés, les Balkany pourraient se pourvoir en cassation. Ce recours serait suspensif, sauf si la cour d’appel délivrait des mandats de dépôt à l’audience et si l’exécution provisoire était prononcée.

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