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Pérou: nouvelles manifestations pour dénoncer la grâce accordée à Fujimori

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Pérou: nouvelles manifestations pour dénoncer la grâce accordée à Fujimori

Des familles des victimes de la répression sous les mandats de Fujimori, ainsi que des partis politiques et des associations de défense des droits de l’Homme se préparent à défiler jeudi pour dénoncer la décision de gracier l’ex-président du Pérou.

Des milliers de Péruviens ont déjà manifesté ces derniers jours, notamment lundi soir à Lima où des affrontements ont opposé manifestants et policiers, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de leurs matraques pour disperser la foule.

Pedro Pablo Kuczynski a décidé dimanche d’accorder une “grâce humanitaire” à Alberto Fujimori qui a dirigé le pays de 1990 à 2000, et a été condamné en 2009 à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité.

La décision du président a provoqué des manifestations de Péruviens, qui l’accusent de tenter de rester au pouvoir avec le soutien des partisans de Fujimori, alors que le pays andin est encore divisé et traumatisé par les abus commis sous sa présidence dans la lutte contre la guérilla du Sentier lumineux (extrême gauche maoïste).

Il s’en est aussitôt défendu: “Nous ne devons pas permettre qu’Alberto Fujimori meure en prison, car la justice, ce n’est pas la vengeance”, a-t-il déclaré dans un message à la nation lundi soir.

L’ancien homme fort du Pérou, d’origine japonaise, a été reconnu responsable de l’assassinat de 25 personnes aux mains d’un escadron de la mort. Il a déjà purgé 12 ans de réclusion.

Mardi, il a demandé “pardon du fond du coeur” pour avoir “déçu une partie de (ses) compatriotes”.

Transféré samedi de sa prison vers une clinique, cet homme de 79 ans qui souffre de problèmes cardiaques, a vu mercredi son hospitalisation prolongée d’au moins 48 heures, a annoncé son médecin personnel.

M. Fujimori “va poursuivre son hospitalisation et ses visites seront limitées, sauf pour la famille. Nous allons voir dans les prochaines 48 heures comment il évolue”, a déclaré aux journalistes le docteur Alejandro Aguinaga.

“Quand son coeur fonctionnera normalement, il sortira”. Cette arythmie dont il souffre depuis juin peut dégénérer en infarctus faute de traitement, selon le médecin.

– Première démission d’un ministre –

Mercredi, le ministre de la Culture a démissionné en réaction à la grâce accordée à Alberto Fujimori.

“J’ai présenté ma démission en tant que ministre de la Culture”, a écrit sur son compte Twitter Salvador del Solar, un acteur et réalisateur populaire de 47 ans, qui s’était toujours dit opposé à un geste envers M. Fujimori.

Il s’agit de la première démission au sein du gouvernement.

Trois parlementaires du camp présidentiel ont déjà quitté le parti de M. Kuczynski pour manifester leur réprobation.

Le président exécutif de la radio-télévision publique, Hugo Coya, a indiqué à l’AFP avoir lui aussi remis sa démission.

“C’est la deuxième fois que je fais confiance à un président et qu’il me trahit”, a déclaré à l’AFP Rosa Rojas, qui a perdu son mari et son fils de huit ans dans la tuerie de Barrios Altos, perpétrée à Lima par des militaires le 3 novembre 1991.

Une association locale de défense des droits de l’Homme a annoncé avoir fait appel à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme, dont le siège est à San José, au Costa Rica, afin qu’elle demande des comptes au gouvernement péruvien et analyse cette grâce.

“Nous estimons que c’est une grâce illégale”, a déclaré à l’AFP Gisela Ortiz, soeur d’un étudiant enlevé, avec huit autres ainsi qu’un professeur, le 18 juillet 1992 par un escadron militaire dans l’université de La Cantuta. Tous avaient été assassinés.

M. Kuczynski a échappé de peu à la destitution, la semaine dernière, après avoir reçu au Parlement le soutien d’une partie du mouvement politique fondé par M. Fujimori, pourtant dans l’opposition.

Le président de centre-droit se voyait reprocher ses liens avec Odebrecht, le géant du BTP brésilien qui a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées au chef de l’Etat, alors ministre de l’Economie, entre 2004 et 2013.

Mi-décembre, un autre ministre, celui de l’Intérieur, avait démissionné pour dénoncer ce scandale. Son successeur, le général à la retraite Vicente Romero, a prêté serment mercredi au cours d’une cérémonie au palais présidentiel. Il avait été directeur de la police d’août 2015 à septembre 2017.

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