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Philipos Melaku-Bello, des années passées devant la Maison Blanche pour la paix

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Philipos Melaku-Bello, des années passées devant la Maison Blanche pour la paix

Ronald Reagan était président des Etats-Unis quand Philipos Melaku-Bello a manifesté pour la première fois devant la Maison Blanche.

Près de quatre décennies et cinq présidents plus tard, le manifestant, la cinquantaine, est toujours là, à quelques pas de la West Wing. Assis à l’entrée d’une petite tente, il lance, de manière douce, aux passants: “Comment allez-vous ?”, et ajoute: “Que la paix soit avec vous”.

Sur cet habitacle recouvert d’une bâche en plastique sont installées des pancartes pour le soutien aux droits de l’homme, contre le nucléaire ou encore pour la paix.

Sur le trottoir juste en face de l’entrée nord de la résidence qui héberge le dirigeant de la première puissance mondiale, habitants et touristes de la capitale américaine s’arrêtent pour parler à Philipos Melaku-Bello, le prendre en photo. Lui est assis derrière une cagette contenant des brochures évoquant l’uranium, les armes nucléaires, les drones ou le conflit israélo-palestinien.

Philipos Melaku-Bello, qui se dit anarchiste, écarte toute idée que sa présence devant la Maison Blanche ait fait de lui une attraction.

“J’ai toujours voulu que ce soit davantage à propos du message qu’à propos de moi”, tranche-t-il.

“Libérez le Tibet”, dit l’une des pancartes, “Faites un traité de paix avec la Corée du Nord”, exhorte une autre alors que différents panneaux mentionnent des sujets de politique américaine comme le destin des “Dreamers” (rêveurs), ces immigrants arrivés sans papiers quand ils étaient enfants et protégés par le statut Daca que Donald Trump a supprimé en septembre dernier.

– Tournée avec son groupe punk –

Né en Californie, Philippos Melaku-Bello explique avoir commencé à manifester dans les années 70.

A l’été 1981, il débarque dans la capitale américaine, en tournée avec son groupe de punk. C’est à ce moment qu’il tombe sur le lieu choisi cette même année par deux militants pour protester devant la Maison Blanche et décide de “donner un coup de main”.

Pendant la première décennie de son engagement, Philippos Melaku-Bello passe du temps sur ce site, quand il peut.

Il raconte avoir été blessé par l’explosion d’une mine à Ramallah, dans les territoires palestiniens, en 1987. Il est depuis en fauteuil roulant.

Depuis sept ans, il passe entre 90 et 100 heures par semaine devant la Maison Blanche, avec deux autres militants le relayant. D’autres manifestants viennent régulièrement protester sur ce même trottoir. Eux sont les seuls installés en permanence.

– Liberté d’expression –

Pour Philippos Melaku-Bello, être installé devant la Maison Blanche est une preuve claire de la liberté d’expression garantie par le Premier amendement de la Constitution américaine. Mais ce militant s’inquiète que le président Donald Trump, qui “ne ressemble à aucun autre”, apparaisse peu enclin à défendre la Constitution.

Barbe grisonnante, bonnet rouge et blanc couvrant son épaisse chevelure, il critique un système électoral qui a permis au milliardaire new-yorkais de l’emporter même s’il a obtenu moins de voix que son adversaire Hillary Clinton.

Il ne mâche d’ailleurs pas ses mots contre son voisin. “Sa seule expérience, c’est d’avoir été présentateur d’une émission de téléréalité. Et d’avoir déposé le bilan”, persiffle-t-il, en référence aux casinos de Donald Trump qui ont baissé le rideau à Atlantic City, ville du jeu près de New York.

Pour M. Melaku-Bello, le magnat de l’immobilier ne représente pas tous les républicains, distinguant ainsi l’ancien président Dwight Eisenhower, un exemple de “quelques bonnes idées venues de l’esprit des républicains”.

Cette ouverture d’esprit séduit Eric Meek, un enseignant venu de l’Ohio qui se dit “plus à droite”.

“C’est ce qui donne sa grandeur à notre pays”, confie l’homme de 47 ans, en saluant la possibilité pour “deux personnes qui ont différentes philosophies (de) pouvoir parler de façon sensée”.

“Aimer tous les citoyens de la planète, peut-être que certains appelleraient ça de la folie”, reconnaît Philipos Melaku-Bello, qui confie vouloir rester ici, à discuter et écouter, aussi longtemps qu’il le pourra.

“Combien de temps le ferai-je? Peut-être jusqu’à mon dernier souffle”.

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