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Philippines: la Cour suprême démet sa présidente, une détractrice de Duterte

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Philippines: la Cour suprême démet sa présidente, une détractrice de Duterte

Les juges de la Cour suprême des Philippines ont voté vendredi en faveur du limogeage de leur présidente, une détractrice affichée de la campagne meurtrière contre la drogue du président Rodrigo Duterte.

Maria Lourdes Sereno, visée aux côtés d’autres personnalités ayant élevé la voix contre le président, a été destituée par huit voix contre six, a déclaré à la presse Theodore Te, un porte-parole de cette instance.

“Mme Sereno est disqualifiée et donc coupable d’exercer illégalement la présidence de la Cour suprême”, a-t-il dit. “La décision est immédiatement exécutoire sans que la Cour n’ait besoin de prendre une mesure supplémentaire”.

La Cour suprême accuse Mme Sereno, la première femme à présider cette instance, d’avoir omis de déclarer ses actifs et passifs au cours des années écoulées, ce qu’elle dément catégoriquement.

Mme Sereno doit en parallèle affronter une procédure d’impeachment à l’américaine, c’est-à-dire de mise en accusation, devant la chambre des représentants, la chambre basse du Congrès.

Elle a promis de lutter pied à pied contre cette procédure qui verrait les représentants voter la mise en accusation et renvoyer son cas devant le Sénat, qui serait alors chargé de la juger.

“La situation actuelle aux Philippines est telle que ceux qui sont perçus comme des ennemis de l’ordre dominant sont considérés comme les cibles légitimes du harcèlement, de l’intimidation et de la persécution”, déclarait-elle en mars.

L’opposition au président accuse ce dernier de vouloir écarter ses ennemis et de régner seul sur l’archipel.

M. Duterte avait enjoint le mois dernier aux parlementaires “d?accélérer” la mise en accusation, faute de quoi, “je le ferais pour vous”, avait-il menacé.

Mme Sereno est accusée de s’être soustraite au paiement de deux millions de pesos (40.000 dollars) d’impôts et d’avoir falsifié des jugements de la Cour suprême.

Le prédécesseur de Mme Sereno, Renato Corona, avait été reconnu coupable de corruption par le Sénat en 2012. Le président de l’époque Benigno Aquino avait soutenu qu’il s’agissait de lutter contre la culture de corruption qui gangrène le pays depuis des décennies.

Il n’avait pas fallu attendre longtemps après l’élection de M. Duterte en 2016 pour que les divergences éclatent avec Mme Sereno.

Cette dernière s’était montrée critique envers la campagne antidrogue du président. Elle s’était inquiétée du fait qu’il avait publiquement accusé sept juges, désignés nommément, d’être mêlés au trafic de drogue. M. Duterte avait répliqué en menaçant de décréter la loi martiale.

Depuis l’arrivée de M. Duterte au pouvoir, la police déclare avoir tué environ 4.200 personnes soupçonnées de trafic ou de consommation de drogue. Les défenseurs des droits évoquent un bilan trois fois supérieur.

D’autres personnalités critiques du président ont déjà été écartées, comme la sénatrice Leila de Lima, arrêtée en février 2017.

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