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Philippines: un prêtre enlevé par des islamistes recouvre la liberté

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Philippines: un prêtre enlevé par des islamistes recouvre la liberté

Un prêtre catholique enlevé voici quatre mois par des jihadistes se réclamant du groupe Etat islamique (EI) à Marawi, ville du sud des Philippines, a raconté lundi tout sourire combien il se sentait “fort” après avoir recouvré la liberté.

Le père Teresito Suganob, 51 ans, a fait une apparition lors d’une conférence de presse organisée au quartier général de l’armée à Manille.

Il a été secouru tard samedi quand les troupes philippines ont pris le contrôle du centre de commandement des islamistes dans une mosquée de Marawi, la plus grande ville musulmane des Philippines essentiellement catholiques.

“Merci, je prie pour vous, que Dieu vous bénisse tous. Priez pour moi, pour que je m’en remette”, a dit le “père Chito”, comme il est surnommé, en souriant devant les journalistes.

Témoignant qu’il n’avait pas perdu son sens de l’humour face à l’épreuve, le père Suganob a lancé: “je suis fort physiquement et je suis beau. C’est tout pour l’instant”.

Il arborait une barbe et une chevelure très longues mais ne semblait pas mal nourri.

Le 23 mai, des centaines d’islamistes armés avaient semé le chaos à Marawi, se retranchant dans certains quartiers. D’après les autorités, il s’agissait d’une tentative pour instaurer un califat inspiré de celui créé par l’EI en Syrie et en Irak.

Depuis, plus de 850 personnes ont été tuées et des quartiers entiers de Marawi détruits dans les combats. Les islamistes ont résisté à une campagne militaire soutenue par les Etats-Unis, y compris des bombardements aériens intensifs.

– ‘Prisonniers de guerre’ –

Face à la crise, le président Rodrigo Duterte a décrété la loi martiale dans toute la région de Mindanao, soit le tiers sud de l’archipel.

Le “père Chito” avait été enlevé avec une dizaine de ses paroissiens dans une cathédrale de Marawi au premier jour des combats.

Les islamistes avaient par la suite publié une vidéo de la mise à sac de la cathédrale, exigeant du président philippin qu’il rappelle les troupes et mette fin à l’offensive de l’armée.

Le prêtre avait alors dit que les islamistes détenaient 240 “prisonniers de guerre”, dont des enseignants, des charpentiers, des ouvriers, pour la plupart des chrétiens et des membres de tribus locales.

“Nous voulons vivre un jour de plus. Nous voulons vivre un mois de plus”, disait-il sur la vidéo, avec une fusillade pour fond sonore.

Un otage ayant réussi à prendre la fuite a raconté aux autorités que le “père Chito” avait été forcé par les jihadistes de leur servir de cuisinier, avait dit en juillet le lieutenant-colonel Jo-ar Herrera, alors porte-parole de l’armée.

C’était l’un des nombreux témoignages sur le fait que les jihadistes réduisaient leurs otages en esclavage.

D’après les autorités, les otages ont été contraints de travailler comme porteurs de munitions ou comme brancardiers et ont également servi de boucliers humains.

– Fin prochaine? –

Le ministre de la Défense Delfin Lorenzana a expliqué que le prêtre et un autre otage, un enseignant de 29 ans présenté sous son seul nom de famille, Acopio, avaient pu s’échapper samedi soir alors que les islamistes abandonnaient la mosquée après des heures de combats.

“Alors que la confrontation tournait en faveur de nos troupes et que les terroristes étaient occupés à repousser l’attaque, nos troupes ont eu l’occasion de s’emparer du père Chito et de M. Acopio”, a dit le ministre.

M. Lorenzana comme l’état-major ont présenté la prise de contrôle de la mosquée comme une importante victoire qui présage de la fin rapide de la crise.

“On est proches, nos soldats sur le terrain disent qu’on est proches de la fin”, a assuré M. Lorenzana.

Il reste cependant de nombreux obstacles, ont-ils concédé, comme les engins explosifs improvisés (IED) et des tunnels secrets où les jihadistes cachent leurs autres otages.

“Il y a en dessous de la mosquée Bato (prise par l’armée) de nombreux tunnels entremêlés et de pièces secrètes. Nous sommes en train de les nettoyer et il y a en fait des otages là-dedans”, a déclaré Eudardo Ano, un responsable militaire.

D’après le général Restituto Padilla, 673 islamistes, 47 civils et 149 soldats sont morts dans les affrontements.

Entre 40 et 60 otages sont toujours aux mains des jihadistes, a poursuivi le général, ajoutant que certains étaient forcés de combattre dans les rangs islamistes.

L’armée estime que les combattants islamistes sont environ 80, mais ce chiffre pourrait comprendre des otages.

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