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Pont effondré en Haute-Garonne: bilan de deux morts, place à l’enquête

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Pont effondré en Haute-Garonne: bilan de deux morts, place à l’enquête

Le camion était-il trop lourd, le pont fragilisé? Les enquêteurs cherchaient mardi des réponses au lendemain de l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn, près de Toulouse, dans lequel une adolescente de 15 ans et le chauffeur d’un poids-lourd ont trouvé la mort.

Dans l’immédiat, “aucune hypothèse ne peut être confirmée” sur les causes et circonstances de l’accident, survenu lundi peu après 8H00, selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nuñez, qui s’est rapidement rendu sur place.

Seule certitude: datant de 1931, le pont suspendu qui s’est “effondré brutalement en quelques secondes”, avait été contrôlé et “n’avait pas été identifié comme posant des problèmes particuliers”, a déclaré la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon, qui l’accompagnait.

Son tablier s’est pourtant presque totalement effondré dans le Tarn, profond de plus de 20m et large de 100 m dans cette zone, précipitant dans l’eau les deux véhicules qui s’y trouvaient: la voiture où prenait place l’adolescente, conduite par sa mère, et le poids-lourds.

Les habitants, qui empruntent régulièrement cette desserte, majeure pour leur localité, ont été d’autant plus choqués que des bus scolaires venaient d’y passer, selon un témoin.

“Ca aurait pu être moi, ce pont je le prends tous les jours”, s’effrayait rétrospectivement Emilie Mulero, une infirmière de 37 ans.

– Enquête administrative aussi –

Le corps de la jeune fille, élève en première dans un lycée privé d’enseignement professionnel des environs, a été rapidement repêché, tandis que sa mère a pu être secourue par des témoins.

Celui du chauffeur n’a été retrouvé que plus tard dans l’après-midi. Il a été repêché dans la nuit, après de longues opérations compliquées par le courant pour l’extraire de la cabine du camion, compactée sous le choc.

Selon Eric Oget, le maire de cette localité, située à une trentaine de km de Toulouse, le poids lourds était un “porte-char de transport de grue”. Il appartenait à une entreprise locale de forage, qui a été perquisitionnée.

L’enquête judiciaire, confiée au parquet de Toulouse, devra notamment déterminer s’il dépassait la limite de 19 tonnes, rappelée à l’entrée du pont.

Les investigations devront aussi éclaircir si “les conditions d’usage (de l’ouvrage) étaient respectées”, a précisé Mme Wargon.

Selon le président de la communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin, le passage de camions en surpoids n’y était pas exceptionnel, ce qui aurait pu le fragiliser.

Alors que l’accident a relancé les inquiétudes sur l’état des ponts en France, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a été chargé par le gouvernement de mener ses propres investigations.

– Une dangerosité généralisée ? –

L’ouvrage, rénové en 2003, “n’était pas classé à surveillance renforcée ou en état critique”, selon Georges Tempez, du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).

Cet organisme public en avait réalisé en 2017 une inspection détaillée pour le compte du Conseil départemental. Un dernier contrôle avait aussi été mené en décembre 2018.

Mais si un pont non recensé comme dangereux s’effondre, “qu’en est-il des ponts qui sont clairement identifiés comme présentant un risque?”, s’est inquiété le sénateur PS Michel Dagbert.

Ce drame “illustre malheureusement” les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a “une vraie dangerosité de l’état de nos ponts”, a pour sa part déclaré son président Hervé Maurey.

Mise en place après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes (Italie), qui a fait 43 morts en août 2018, la mission d’information avait appelé fin juin à “un +plan Marshall+ pour éviter un drame”, réclamant un audit des ponts.

Selon ses conclusions, au moins 25.000 ponts français “sont en mauvais état structurel”, sur les 200.000 à 250.000 ouvrages que compte le pays, leur nombre exact n’étant pas connu.

D’autres ponts suspendus desservent aussi la région, construits après les crues du Tarn de 1930 qui avaient endommagé les ponts anciens.

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