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Pour le président serbe, le Kosovo est l'”obstacle” principal sur la route vers l’UE

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Pour le président serbe, le Kosovo est l'”obstacle” principal sur la route vers l’UE

La question du Kosovo reste l'”obstacle” principal à une adhésion de la Serbie à l’Union européenne, concède le président serbe Aleksandar Vucic, qui exige des “concessions” de Pristina, dans un entretien à l’AFP lundi.

L’UE, qui organise jeudi à Sofia un sommet sur les Balkans, est divisée sur l’indépendance du Kosovo puisque cinq de ses membres la rejettent. Mais elle exige des relations normalisées entre Belgrade et Pristina, qui aspirent tous deux à intégrer l’UE.

Dix ans après sa proclamation, une souveraineté du Kosovo reste un tabou politique en Serbie, qui a inscrit dans sa Constitution sa tutelle sur son ancienne province albanaise. Pour de nombreux Serbes, elle reste le berceau historique et religieux de leur nation. Leur ministre des Affaires étrangères Ivica Dacic la décrit régulièrement comme “la Jérusalem des Serbes”.

“Le seul gros problème que je considère comme un obstacle réel sur notre chemin européen est la question du Kosovo”, dit Aleksandar Vucic. Son pays, qui espère rejoindre l’UE en 2025, est avec le Monténégro le plus avancé des Balkans occidentaux dans le processus d’adhésion. “Au final, tout dépend du Kosovo.”

Bien plus que de l’alignement de la politique étrangère européenne vis-à-vis de Moscou, allié traditionnel de Belgrade: l’entrée dans l’UE, “dans le meilleur des cas, c’est dans sept ans; j’espère qu’à ce moment-là, la situation internationale sera complètement différente.”

– ‘Municipalités serbes’ –

Le Kosovo reste la véritable épine dans le pied pour ses 7,1 millions de ses concitoyens: “Si vous me demandez si l’UE fait exulter les Serbes, la réponse est non. Mais c’est un peuple rationnel, ils savent quelle est la meilleure route pour les Serbes et pour ce pays” et sont “conscients que nous devrons résoudre de manière très douloureuse” cette question.

S’il “s’érode depuis un an, un an et demi”, le soutien au processus d’adhésion reste partagé “par une part importante de notre population”. Mais Aleksandar Vucic demande aux autorités européennes d’envoyer un “message très fort” pour exiger “aussi des concessions” de Pristina.

Cinq ans après l’accord de Bruxelles sur la normalisation entre les deux parties, les autorités kosovares n’ont toujours pas mis en place les “municipalités serbes” dans les secteurs où vivent les 120.000 membres de la minorité serbe (sur 1,8 million d’habitants).

“Nous avons fait notre part du travail”, assure Aleksandar Vucic qui, comme Premier ministre puis président, dirige depuis 2014 la Serbie. De leur côté, les autorités kosovares “pensent que la reconnaissance de la pleine indépendance du Kosovo par la Serbie n’est qu’une question du temps”.

“Ce dont nous avons besoin, c’est d’un réel compromis”, “qui laissera les deux parties au moins un peu insatisfaites”, pas une situation où un camp “obtiendrait tout quand l’autre ne récolterait que l’humiliation”.

– ‘Boîte de Pandore’ –

Une fois les “municipalités serbes” en place, “nous pourrons évoquer de possibles solutions pour l’avenir”, dit Aleksandar Vucic, qui n’évoque pas de reconnaissance: “C’est quelque chose dont nous n’avons pas encore discuté. Ce n’est pas une solution que nous souhaiterions.”

Un règlement final devra être sanctionné par un changement constitutionnel puis un référendum incertain. En cas de rejet, “nous aurons un conflit gelé pendant des décennies” et “tout le monde voudra quitter ce pays”, prévient-il.

Ivica Dacic a évoqué à plusieurs reprises de possibles échanges de territoires. Porteuse d’instabilité aux yeux d’experts et responsables occidentaux, cette idée n’a jamais été publiquement prise à son compte par Aleksandar Vucic.

“J’écoute ceux qui à l’Ouest disent (…) que cela ouvrirait la boîte de Pandore. Mais la boîte de Pandore a été ouverte il y a dix ans par les pays occidentaux quand ils ont reconnu un État indépendant du Kosovo…”, dit le président.

“Nous devons pouvoir offrir quelque chose au peuple serbe”, qu’il “voit qu’il est respecté”, “que trente ans après telle ou telle guerre, on ne lui fera pas payer à jamais le prix de ce qui a été fait dans l’ex-Yougoslavie”.

Ultime conflit des années 1990 dans l’ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo (1998-99) entre forces serbes et indépendantistes kosovars albanais, avait fait plus de 13.000 morts. Elle s’était achevée quand une campagne de bombardements de l’Otan avait contraint Slobodan Milosevic à retirer ses troupes.

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