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Poursuite du blocage à la prison d’Alençon/Condé-sur-Sarthe

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Poursuite du blocage à la prison d’Alençon/Condé-sur-Sarthe

La prison d’Alençon/Condé-sur-Sarthe (Orne), où deux surveillants ont été poignardés mardi par un détenu radicalisé, restait bloquée vendredi pour la troisième journée consécutive par des surveillants, un mouvement social qui a conduit à des débrayages dans plusieurs prisons françaises.

A Condé, dans la matinée, les forces de l’ordre sont intervenues pour y déloger les manifestants le temps que de la nourriture puisse entrer dans la prison et que les officiers puissent prendre leur service. Les barrages ont été reformés aussitôt.

Un homme souffrant de problèmes psychologiques a déclenché un bref mouvement de panique peu avant midi devant le centre pénitentiaire normand en se présentant aux manifestants avec une machette, avant d’être interpellé. Âgé d’une trentaine d’années, l’homme qui “est suivi pour des problèmes psy à Alençon” a dit aux manifestants être venu pour les soutenir, selon le syndicat FO.

D’après l’administration pénitentiaire centrale, trois autres prisons ont été bloquées vendredi matin, celles de Seysses-Muret (Haute-Garonne), d’Orléans et des Baumettes à Marseille. Depuis 13H00 et le déblocage de la prison des Baumettes, seule celle de Condé-sur-Sarthe restait touchée par le mouvement social.

Selon Emmanuel Baudin, secrétaire général FO-Pénitentiaire, “la mobilisation passe par des blocages, des retards de prise de service, des services minimum à l’intérieur”.

Vers 08H30, l’accès à la prison des Baumettes avait été bloquée par une centaine de surveillants, rejoints par une vingtaine de “gilets jaunes”, a indiqué David Cucchietti (FO). “Notre état d’esprit, c’est qu’on veut absolument que notre cause avance, qu’ils lâchent quelque chose. Nous, de toute façon on ne lâchera pas, on ne peut pas continuer de travailler dans ces conditions”, a-t-il ajouté.

A Grasse (Alpes maritimes), le blocage de la prison par une cinquantaine de surveillants depuis 6H00 a été levé en milieu de matinée et ne devrait pas être reconduit durant le weekend: “On fait une pause car une porte de négociation a été ouverte. La ministre (Nicole Belloubet) va apparemment nous recevoir, peut-être même lundi et on sera vraisemblablement à nouveau en mouvement lundi”, a indiqué Hervé Ségaud, délégué FO.

– Revalorisations salariales –

L’accès à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande d’Europe, a été bloqué durant quelques heures vendredi matin par des militants syndicaux, qui ont été délogés sans heurts par les forces de l’ordre vers 08H00, a-t-on appris de source syndicale.

Pour le secrétaire général CGT-Pénitentiaire Christopher Dorangeville, il faut que les syndicats soient reçus par la ministre “pour mettre sur la table les difficultés rencontrées au quotidien”.

“Tout cela avait déjà été évoqué en 2018, mais un seul syndicat (Ufap-Unsa) avait accepté de signer les propositions de la ministre”, a-t-il estimé.

Mardi, après l’agression de deux surveillants avec des couteaux en céramique, Michaël Chiolo, 27 ans, s’était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de la prison. Après de vaines tentatives de négociations, le RAID avait lancé l’assaut, conduisant à l’interpellation du détenu et à la mort de sa compagne.

“Quand on entend les énormités de la ministre de la Justice qui dit qu’on ne comprend pas pourquoi les gens n’ont pas été fouillés, c’est à tomber à la renverse. On ne peut pas faire de palpation sur les visiteurs extérieurs”, a regretté Stéphane Canuti, délégué de FO-Pénitentiaire en Corse.

“Dans les stades de foot, les concerts ou les aéroports, les gens sont fouillés, palpés par des agents de sécurité privés et nous, fonctionnaires d’État, dans un milieu où il y a des gens dangereux, on nous dit qu’on ne peut pas fouiller”, a-t-il déploré.

En janvier 2018, un vaste mouvement de trois semaines avait démarré après l’agression par un détenu jihadiste de trois surveillants à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), prison la plus sécurisée de France avec celle de Condé-sur-Sarthe.

D’après Emmanuel Giraud, responsable SNP-FO pour la Nouvelle-Aquitaine, “rien n’a changé en termes de sécurité et de conditions de travail” depuis la mobilisation de 2018. “On demande plus de personnel, des revalorisations salariales qui faciliteraient les recrutements. On demande des établissements dédiés pour les détenus radicalisés et violents et pour les individus dangereux que l’on continue à disséminer un peu partout”.

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