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Présidentielle au Pérou: Castillo double Fujimori, qui dénonce des “indices de fraude”

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Présidentielle au Pérou: Castillo double Fujimori, qui dénonce des “indices de fraude”

Le suspense restait entier dans la nuit de lundi à mardi dans la dernière ligne droite de la présidentielle au Pérou. Le candidat de la gauche radicale Pedro Castillo accroissait son avance après le dépouillement de plus de 96% des suffrages sur la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, laquelle a dénoncé des “indices de fraude”.

L’ancien instituteur devançait à 21H25 locales (02H25 GMT) Keiko Fujimori de 95.508 voix, selon l’Office national des processus électoraux (ONPE). M. Castillo était crédité de 50,28% des voix et Mme Fujimori de 49,72%.

Depuis le premier résultat partiel, portant sur 42% des bureaux de vote, Pedro Castillo n’a cessé de refaire petit à petit le retard de six points concédé dimanche soir.

Les votes en provenance des campagnes et des régions éloignées de la forêt amazonienne, favorables au candidat qui revendique ses origines provinciales, lui ont permis de doubler la fille de l’ancien président Alberto Fujimori (1990-2000), laquelle a dénoncé des “irrégularités” et des “indices de fraude”.

“Il existe une claire intention de saboter la volonté du peuple”, a affirmé Mme Fujimori au cours d’une conférence de presse, photos et des vidéos à l’appui, notamment l’image des résultats dans un petit village donnant son adversaire vainqueur par 187 voix contre zéro.

La mission d’observation de l’Organisation des Etats américains (OEA) n’a pour sa part relevé aucun incident majeur. “Le dépouillement des bulletins de vote s’est déroulé conformément aux procédures officielles”, a-t-elle indiqué.

Les votes d’un million de Péruviens résidant à l’étranger pourraient encore inverser la tendance, préviennent les experts.

Ces derniers et l’ONPE répètent leurs appels à la prudence. “Les résultats sont encore incertains”, a déclaré lundi l’analyste Fernando Tuesta.

La tension est à son comble dans les deux camps et M. Castillo a appelé à “la modération”, demandant à ses partisans à “ne pas tomber dans la provocation”, “seul le peuple sauvera le peuple”.

– Bourse en baisse –

Dimanche, les deux vainqueurs surprise du premier tour le 11 avril, parmi 18 candidats, ont assuré qu’ils respecteraient le verdict des urnes.

En cas de victoire, Keiko Fujimori, 46 ans, fille d’Alberto Fujimori qui purge une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité, deviendrait la première femme présidente du Pérou et la première en Amérique à suivre une dynastie familiale.

Si elle perd pour la troisième fois au second tour, après deux défaites successives en 2011 et 2016, elle pourrait être poursuivie en justice. Le parquet a requis 30 ans de prison dans une affaire de pots-de-vin présumés pour laquelle elle a déjà passé 16 mois en détention préventive.

S’il l’emportait, Pedro Castillo serait lui “le premier président pauvre du Pérou”, selon l’analyste Hugo Otero.

Originaire de la province de Cajamarca (nord) dont il arbore le chapeau blanc traditionnel, M. Castillo a enseigné dans une école rurale pendant 24 ans.

Inconnu des Péruviens avant qu’il ne prenne la tête d’un vaste mouvement de grève des enseignants en 2017, il promet du changement avec notamment l’élection d’une Assemblée constituante. Tandis que Mme Fujimori défend l’actuelle loi fondamentale qui garantit le libéralisme économique.

La bourse de Lima a plongé de 7,74% en clôture tandis que le dollar a atteint un niveau record. Le billet vert n’a cessé d’augmenter au Pérou depuis la victoire au 1er tour de M. Castillo qui préconise un rôle plus interventionniste de l’Etat et des nationalisations dans le secteur énergétique et minier.

– Peurs et divisions –

Quel qu’il soit, le futur chef de l’Etat aura d’énormes défis à relever dans le pays qui, avec 184.000 morts, a le plus haut taux mondial de décès du coronavirus et comptabilise trois millions de nouveaux pauvres en un an, le PIB ayant plongé de 11,12% en 2020.

Il devra s’accommoder d’un Parlement fragmenté, issu des législatives d’avril, et coutumier d’alliances de circonstance qui ont conduit à la destitution de deux présidents: Pedro Pablo Kuczynski, en 2018, et son successeur Martin Vizcarra en 2020.

Le nouveau président prendra ses fonctions le 28 juillet, jour de la commémoration du bicentenaire de l’indépendance du Pérou, et remplacera le président par intérim Francisco Sagasti, qui a exhorté ses compatriotes à “respecter scrupuleusement la volonté exprimée dans les urnes”.

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