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Présidentielle en Mongolie, sous le signe du Covid

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Présidentielle en Mongolie, sous le signe du Covid

Les Mongols élisent mercredi leur président, au terme d’une campagne marquée par les restrictions anti-Covid malgré les progrès rapides de la vaccination dans ce pays de trois millions d’habitants.

Dès l’aube, masque sur le nez, à un mètre de distance les uns des autres, les électeurs se sont succédé dans les bureaux de vote à Oulan-Bator, capitale de cet Etat enclavé entre Chine et Russie et doté d’une Constitution démocratique depuis 1992, à sa sortie de l’orbite soviétique.

La démocratie mongole a depuis été marquée par l’instabilité.

L’ancien Premier ministre Khurelsukh Uknaa, chef du Parti populaire mongol (PPM, centre gauche), héritier du parti unique de l’époque communiste, est donné gagnant –même s’il a dû démissionner en janvier, prenant la responsabilité d’un dysfonctionnement du système de santé en pleine épidémie.

Des manifestants étaient descendus dans la rue pour protester contre le sort fait à une jeune mère qui venait d’accoucher et avait été transportée vers un centre de traitement des maladies infectieuses avec son nouveau-né, malgré un froid polaire.

La politique du gouvernement avait jusque-là été plutôt saluée pour avoir épargné au pays une situation épidémique grave, grâce à l’adoption de mesures radicales (confinement strict et fermeture des frontières).

Le PPM avait ainsi remporté à une écrasante majorité les élections législatives de juin 2020, organisées sous un protocole sanitaire très strict.

Mais le virus connaît un regain ces dernières semaines et la Mongolie totalise désormais quelque 300 décès.

Parallèlement, la vaccination progresse rapidement, 90% de la population adulte ayant déjà reçu une dose et 60% deux doses.

– Challenger vert –

Dans ce pays pauvre (28% de la population est sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale), au système hospitalier déficient, le coronavirus aurait été introduit en mars 2020 par un Français travaillant pour le groupe nucléaire Orano (ex-Areva), honni des mouvements écologistes locaux.

Le principal rival de l’ancien Premier ministre est d’ailleurs le candidat écologiste Enkhbat Dangaasuren, un entrepreneur qui a réussi dans l’économie numérique et cherche à capter le soutien de la jeunesse.

Le pays est l’un des plus touchés par le changement climatique, qui aggrave la pollution et la désertification et par conséquent génère un exode rural à destination d’Oulan-Bator. La capitale rassemble à elle seule la moitié de la population mongole.

“Nous devons regarder l’avenir avec des yeux neufs”, déclare à l’AFP Naran-Erdene Bayarkhuu, après avoir accompli son devoir électoral et choisi le candidat écologiste: “j’espère qu’il s’occupera des jeunes. Les jeunes comme moi votent pour Enkhbat et les vieux pour Khurelsukh.”

La campagne du candidat vert a toutefois été compromise dans la dernière ligne droite par le virus qu’il a contracté, l’obligeant à observer une quarantaine et à annuler le débat télévisé qui devait avoir lieu une semaine avant le scrutin.

Le président sortant, Khaltmaa Battulga (Parti démocrate, libéral-conservateur), un ancien champion du monde de sambo, un art martial mongol, n’a pas eu le droit de se représenter en raison d’amendements à la Constitution adoptés en 2019 qui limitent la présidence à un seul mandat de six ans.

Un de ses partisans, Tamir Ider, menuisier âgé de 33 ans, dit à l’AFP avoir voté blanc parce qu’il souhaitait que le président sortant puisse se représenter.

“En plus, je pense qu’on ne devrait pas voter quand il y a autant de cas de Covid”, ajoute-t-il.

Les urnes ferment à 22h00 (14h00 GMT) et les résultats sont attendus jeudi.

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