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Présidentielle tchèque, le sortant prorusse Zeman cible d’une Femen

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Présidentielle tchèque, le sortant prorusse Zeman cible d’une Femen

Le président tchèque Milos Zeman, qui brigue la réélection face à un rival libéral pro-européen, s’est voulu confiant vendredi au premier jour du scrutin, marqué par l’action d’une Femen aux seins nus qui s’en est prise à lui pour ses positions pro-Kremlin.

Interrompu pour la nuit, le vote de ce premier tour étalé sur deux jours doit reprendre samedi entre 07H00 et 13H00 GMT. Les premiers résultats significatifs devraient être connus dans l’après-midi.

Vendredi après-midi, une jeune militante du groupe Femen s’est soudainement ruée sur M. Zeman, pro-russe et pro-chinois, au moment où il s’apprêtait à voter, dans un bureau de vote aménagé dans une école pragoise.

Vêtue seulement d’un jean, elle a crié plusieurs fois “Zeman – Putin’s slut” (Zeman, putain de Poutine), avant d’être rapidement maîtrisée par les gardes du corps du chef de l’Etat. Le même slogan était également inscrit sur la poitrine de la femme, qui s’était cachée au milieu des journalistes avant l’arrivée du président.

Visiblement ébranlé, l’homme politique de 73 ans, de santé fragile et qui marche avec une canne, a aussitôt quitté le bureau de vote, accompagné de son épouse Ivana.

Il y est revenu au bout de quelques minutes, déjà ressaisi et de bonne humeur, affirmant qu’il se sentait “honoré par le fait d’être attaqué par le mouvement Femen, qui s’en était pris également au pape”.

“Malgré le mouvement Femen”, a-t-il affirmé, souriant, en plaçant son bulletin de vote dans l’urne.

Femen, groupe féministe radical d’origine ukrainienne présent dans plusieurs pays, a confirmé l’acte de sa militante, indiquant qu’il s’agissait d’une Ukrainienne, Angelina Diash.

Elle a été placée en détention pour 48 heures et risque d’être traduite devant la justice, pour trouble à l’ordre public, selon la police.

“Difficile à dire si cet incident pourrait éventuellement aider en fin de compte Milos Zeman. Mais beaucoup de gens sur les réseaux sociaux s’expriment en sa faveur, et pas seulement ses électeurs”, a constaté le politologue Jiri Pehe, interrogé par l’AFP.

– issue incertaine –

Le vote au suffrage universel direct à deux tours s’annonce toutefois difficile pour M. Zeman, vétéran de la gauche tchèque connu aussi pour ses manières brusques. Parmi les huit autres candidats en lice, son principal rival est l’ex-patron de l’Académie des Sciences, le pro-européen Jiri Drahos.

Les sociétés de paris donnaient jeudi l’avantage à M. Zeman sur M. Drahos, au premier tour.

Toutefois, selon un sondage réalisé début janvier, M. Drahos, 68 ans, pourrait l’emporter au second tour, prévu les 26 et 27 janvier, grâce aux reports de voix.

M. Zeman, qui a refusé de participer aux débats électoraux, bénéficie du soutien des milieux ruraux et des travailleurs manuels. Dans un pays majoritairement hostile à l’immigration, il trouve un écho favorable quand il qualifie la crise migratoire d'”invasion organisée” et décrit les musulmans comme “impossibles à intégrer”.

Centriste libéral, M. Drahos, est lui le candidat préféré des intellectuels et des habitants des grandes villes.

“Le président devrait oeuvrer en vue d’unir la société. L’actuel président n’unit pas les gens mais les divise”, a-t-il déclaré, après avoir voté à Prague.

Selon lui, le chef de l’Etat “oeuvrer pour l’orientation pro-occidentale du pays”.

Le scrutin présidentiel se tient parallèlement à la formation laborieuse d’un nouveau gouvernement issu des législatives d’octobre 2017.

A la mi-décembre, M. Zeman a nommé un cabinet minoritaire dirigé par Andrej Babis, populiste milliardaire et chef du mouvement centriste ANO, qui selon toute vraisemblance n’obtiendra pas la confiance du Parlement. M. Babis a de son côté apporté son soutien à M. Zeman.

Lors des derniers débats, M. Drahos avait notamment reproché à M. Zeman de soutenir ce gouvernement minoritaire.

Environ deux cinquièmes des électeurs ont voté le premier jour, selon l’agence CTK. Le taux de participation au scrutin pourrait correspondre à celui observé lors de la précédente présidentielle en 2013 (61,3% au 1er tour et 59,1% au second tour), selon les estimations de la presse.

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