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Prison ferme pour la direction du parti néonazi grec Aube dorée

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Prison ferme pour la direction du parti néonazi grec Aube dorée

Le chef et cinq anciens cadres du parti néonazi grec Aube dorée ont été condamnés à 13 ans de prison ferme mercredi par la Cour pénale d’Athènes, qui les a reconnus coupables d’avoir dirigé une “organisation criminelle”, responsable de meurtres et violences.

Parmi eux, figure le fondateur d’Aube dorée Nikos Michaloliakos, 62 ans, négationniste et admirateur du national-socialisme. Il a été condamné à 13 années de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions du ministère public. La peine maximale encourue était de 15 ans de prison.

Sans surprise, le militant de l’organisation Yorgos Roupakias, meurtrier de Pavlos Fyssas, rappeur poignardé en 2013, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour “homicide volontaire” et à dix ans de prison pour “appartenance à une organisation criminelle”, Aube dorée.

“Les peines prononcées aujourd’hui (mercredi) pour l’organisation néonazie montrent la résistance de notre démocratie et l’Etat de droit”, a tweeté le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Toutefois pour sa part, Panayiotis Fyssas, le père du rappeur tué, partie civile au procès, a dit n’est pas être “satisfait” des peines. “J’attendais 20 ans de réclusion” pour les dirigeants du parti, a-t-il déclaré aux côtés de la mère et de la soeur du militant de gauche assassiné.

L’assassinat de Pavlos Fyssas, dans la nuit du 18 septembre 2013, avait choqué la Grèce en pleine crise financière, ce qui avait contraint les autorités à poursuivre pour la première fois la direction d’Aube dorée.

Responsable de meurtres et agressions contre migrants et militants de gauche depuis les années 1990, cette organisation constituée de façon très hiérarchique et disposant de “milices d’assaut”, des groupes vêtus de noir munis de barres de fer et arborant des symboles nazis, avait bénéficié jusque là d’une quasi-impunité.

Parmi les cadres du parti paramilitaire, tous absents à l’audience mercredi, l’eurodéputé indépendant Ioannis Lagos, ancien membre d’Aube dorée, est lui aussi condamné à 13 années de réclusion et un an et demi de prison pour port d’armes.

Son immunité parlementaire devra être levée par le parlement européen, à la demande de la Grèce, une fois qu’un mandat d’arrêt aura été émis.

L’ancien porte-parole du parti néonazi Ilias Kassidiaris et le député Christos Pappas, bras droit de Michaloliakos ainsi que deux autres dirigeants du parti, les anciens députés Ilias Panagiotaros et Georgios Germenis, ont aussi été condamnés à des peines de 13 ans.

Autre dirigeant, Artemis Matthaiopoulos, l’ex-gendre de Michaloliakos, a été condamné à dix ans de prison, en deçà des réquisitions. L’épouse de Michaloliakos, Eleni Zaroulia, ancienne députée, s’est elle vu infliger six ans de prison pour “appartenance à une organisation criminelle”.

La cour n’a reconnu aucune circonstance atténuante pour les dirigeants.

– “Ils ne sont pas innocents” –

Devant la cour pénale d’Athènes, une cinquantaine de manifestants antifascistes ont brandi mercredi une banderole, sur laquelle on pouvait lire: “On n’oublie pas (…) ils ne sont pas innocents”.

Dans un premier verdict annoncé le 7 octobre et salué comme “historique” par la présidente de la République grecque, Aube dorée avait été qualifié “d’organisation criminelle”. Le chef et les principaux cadres du parti avaient été reconnus coupables de l’avoir dirigé.

Ce verdict allait à l’encontre des réquisitions d’acquittement prises en décembre dernier par la procureure Adamantia Economou.

Après un procès marathon de cinq ans et demi, la cour a établi la culpabilité d’Aube dorée dans plusieurs crimes, en particulier le meurtre de Pavlos Fyssas et du Pakistanais Sahzat Luckman, ainsi que l’agression de pêcheurs égyptiens en 2012 et de syndicalistes communistes en 2013.

Sur les 68 accusés, 57 ont été condamnés, dont 11 anciens députés d’Aube dorée qui écopent jusqu’à 7 ans de prison.

Le chef d’Aube dorée a déjà purgé 18 mois de détention préventive avant l’ouverture du procès en avril 2015. Selon la loi grecque, il devra purger au moins les deux cinquièmes de sa peine avant de pouvoir demander une liberté conditionnelle.

Ce procès fleuve a entraîné progressivement le déclin d’Aube dorée, troisième force politique en 2015, qui n’a obtenu aucun siège au Parlement grec aux dernières législatives de juillet 2019.

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