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Prolongement du RER E: à Paris, un chantier souterrain géant dans un “mouchoir de poche”

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Prolongement du RER E: à Paris, un chantier souterrain géant dans un “mouchoir de poche”
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Un chantier énorme dans un “mouchoir de poche”: porte Maillot à Paris, les travaux souterrains de prolongement du RER E jonglent avec de multiples contraintes, à commencer par le manque de place dans un quartier déjà très dense.

À 35 mètres sous ce quartier connu pour son Palais des congrès, un large tunnel avance à perte de vue: “le tunnelier est actuellement au niveau de l’Étoile, il arrive sous les trottoirs de l’avenue Wagram”, à 900 mètres de là, explique Xavier Gruz, directeur du projet Eole chez SNCF Réseaux.

Ce projet consiste à prolonger vers l’ouest le RER E, qui relie actuellement la banlieue est à la gare Saint-Lazare à Paris. La ligne doit ainsi rejoindre Nanterre via La Défense à la mi-2023, puis aller jusqu’à Mantes-la-Jolie (Yvelines) dans un second temps.

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Ces lourds travaux comprennent le percement d’un tunnel de 8 kilomètres, suffisamment large pour y faire circuler des trains à deux étages. Le tunnelier “Virginie”, avec ses 11 mètres de diamètre, est ainsi actuellement le plus gros engin de ce genre à œuvrer sur un tunnel ferroviaire en France.

“Il devrait arriver à Haussmann-St Lazare le 15 janvier de l’année prochaine”, prévoit Xavier Gruz.

– “Complètement coincés” –

En attendant, la Porte Maillot est l’épicentre des travaux, qui mobilisent 670 personnes. En surface et sous terre, des dizaines d’employés en chasuble orange s’affairent dans un labyrinthe de bétonnières, armoires électriques, canalisations d’évacuation de la boue et engins de chantiers en tout genre.

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Outre qu’il abrite la base du tunnelier, ce quartier reliant l’ouest de Paris à la banlieue cossue de Neuilly-sur-Seine est en plein chantier afin d’y construire une nouvelle gare à ciel ouvert, qui sera éclairée naturellement par une verrière.

Accessoirement, il faut établir une correspondance vers le RER C et reconstruire trois étages d’un parking qui avait dû être partiellement détruit.

“C’est un site qui est contraint en surface et en sous-sol”, souligne Bopha Eng, directrice d’opérations chez SNCF Réseau.

“La difficulté que l’on a sur cette gare, c’est qu’elle s’insère dans des volumes sous-terrains totalement occupés”, abonde Xavier Gruz: le sous-sol est déjà encombré par les deux parkings du Palais des congrès, la ligne 1 du métro et le RER A. “On est complètement coincés”, résume-t-il.

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“On a mis un chantier tout à fait colossal dans un mouchoir de poche”, salue Michel Deffayet, le président de l’Association française des tunnels et de l’espace sous-terrain (AFTES), qui tient justement son congrès dans le Palais adjacent et y voit une illustration des prouesses techniques du secteur.

– Course contre la montre –

Cet encombrement se traduit par des difficultés techniques concrètes: la ligne 1 du métro toute proche a dû être “encoffrée”, protégée et renforcée, pour ne pas subir les déplacements de terrain avec le creusement de la future gare Eole.

Autre complication rencontrée par le chantier: la présence d’une nappe d’eau qu’il a fallu pomper, non sans difficulté, pour la redescendre en dessous du niveau des travaux.

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C’est aussi une course contre la montre pour libérer le site dans les temps, à l’heure où la capitale multiplie les grands travaux. Il faut ainsi bientôt libérer l’emprise en surface pour y laisser la place à un futur arrêt du tramway T3, tandis que la place doit être ensuite complètement réaménagée en vue des Jeux olympiques de 2024.

Le chantier Eole a cependant pris du retard avec la crise du Covid-19 notamment. Il a aussi rencontré d’autres difficultés, comme des retards de livraison de matériaux de construction et désormais des craintes sur l’approvisionnement en composants électroniques, qui font l’objet d’une pénurie mondiale.

“Aujourd’hui je ne suis pas sûr qu’on en soit totalement sortis”, craint Xavier Gruz. “On n’est pas forcément totalement sereins sur le suite”.