«Nous n’avons plus de relation avec Manny Pacquiao», a déclaré mercredi à l’AFP un porte-parole du groupe américain, comme des voix aux États-Unis et aux Philippines appelaient depuis 24 heures au boycott de la marque tant qu’elle n’aurait pas coupé ses liens avec le boxeur.

«Nous trouvons les déclarations de Manny Pacquiao abjectes», a ajouté le porte-parole, précisant que «Nike est fermement opposé à la discrimination quelle qu’elle soit et a une longue histoire de soutien et de défense des droits de la communauté LGBT» (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels).

La marque à la virgule, un des plus importants sponsors de Manny Pacquiao, vendait des T-shirts, shorts, sweatshirts, chaussures de sports et autres articles frappés du nom «Team Pacquiao», la marque du boxeur.

Cette semaine, dans une interview à la télévision philippine alors qu’il est en pleine campagne pour un poste de parlementaire, Manny Pacquiao, 37 ans, a déclaré: «Connaissez-vous des groupes d’animaux où un mâle est avec un mâle, une femelle avec une femelle?»

«Les animaux sont meilleurs. Ils savent comment distinguer le mâle de la femelle. Si nous approuvons un homme et un homme, une femme et une femme, alors l’homme est pire que les animaux», avait déclaré le boxeur aux multiples titres de champion du monde.

Ces propos ont soulevé un tollé sur les réseaux sociaux, l’ancien basketteur Jason Collins, un des premiers sportifs de haut niveau à officialiser son homosexualité, le traitant de «sectaire». «Tu as perdu mon respect», fustigeait-il.

«Certaines personnes pensent qu’elles ont le droit de juger les autres, comme si elles étaient Dieu, juste parce qu’elles ont assisté à une prière et lisent la bible», a ironisé un des célèbres comédiens philippins Vice Ganda, lui-même gay, exhortant les 6,7 millions de personnes abonnées à son compte Twitter à prier pour Manny Pacquiao.

Regrets 

Face à la pression, Manny Pacquiao, icône dans son pays, avait présenté mardi ses excuses. Sans toutefois convaincre.

«Je suis désolé d’avoir blessé des gens en comparant les homosexuels à des animaux. S’il vous plaît, je demande pardon à ceux que j’ai blessés», dit-il les bras croisés, T-shirt blanc, dans un message vidéo mis en ligne sur Instagram et sur son compte Twitter.

Il y réaffirme ses convictions chrétiennes: «Je vous aime avec tout l’amour du Seigneur. Je prie pour vous», avance-t-il.

Le mariage homosexuel reste interdit aux Philippines, en raison d’une forte opposition de l’Église catholique, très puissante dans un pays où 80% des 100 millions d’habitants sont catholiques. Des unions sont néanmoins célébrées dans de petites églises mais ne sont pas reconnues par l’État.

Manny Pacquiao, lui-même converti du catholicisme à l’évangélisme, est octuple champion du monde avec un bilan de 57 victoires, dont 38 par KO, six défaites et deux nuls en 20 ans de carrière.

Il n’a pas combattu depuis le 2 mai dernier et sa défaite dans le «combat du siècle» contre l’Américain Floyd Mayweather. Ce dernier a annoncé sa retraite à la suite de sa victoire, mais une éventuelle revanche avait été évoquée, voire espérée, après un premier duel décevant.

Le combat entre les deux hommes, tous deux multimillionnaires, est considéré comme le plus lucratif de l’histoire de la boxe: Floyd Mayweather a touché 220 millions de dollars pour ce seul match et Manny Pacquiao 150 millions. Les billets se sont vendus jusqu’à 350 000 dollars l’unité au marché noir la veille du match à Las Vegas, temple du spectacle où s’est déroulé le combat devant le gratin des milieux culturel, médiatique et sportif.