Mauvais acteurs, scenarii déplorables et réalisateurs médiocres. Et si le mauvais cinéma devenait un objet de culte? Au Festival Cutrecon de Madrid les navets et nanars sont à la fête…
CutreCon est un festival atypique consacré aux films si mauvais qu’ils font l’objet d’un véritable culte. Pendant cinq jours jusqu’à dimanche, les toiles les plus invraisemblables se sont succédées dans les cinémas madrilènes, à la grande joie des adeptes du Cutrecon, quelque 3500 spectateurs cette année.
La colonie des nudistes morts (Nudist colony of the dead, 1991), annonçait la couleur: des zombies farineuses aux yeux écarquillés et seins nus s’y arrachent à la terre et marchent au rythme d’une musique des années 1980.

La chaîne de télévision Arte a cédé un espace ce mois-ci à ce «cinéma nanar tellement nanar que cela en devient de l’art». Leurs fans sont des nostalgiques des cassettes VHS, des frustrés d’un cinéma devenu trop politiquement correct, et d’une manière générale des spectateurs ayant envie de détente et d’éclats de rire.
Des œuvres marquantes
Edward Wood, réalisateur alcoolique mort dans l’anonymat en 1978 serait dans la première catégorie avec son Plan 9 pour l’espace extérieur, un film sur des aliens considéré par les fans comme un des pires de l’histoire du cinéma. Son personnage a même été porté au cinéma par Tim Burton et incarné par Johnny Depp dans Ed Wood.

Et puis il y a les films volontairement incohérents et mal faits. C’est le cas de la série Sharknado, des films sur requins arrachés à la mer par des tornades et qui retombent sur des villes. Ceux qui regardent ces films ont souvent un haut niveau d’études et sont des «omnivores culturels» aussi adeptes des salles d’art et d’essai.
Selon le directeur du festival, «Pour apprécier le mauvais cinéma, il faut aimer les bons films. Il faut avoir du goût pour apprécier le mauvais goût et s’en amuser».
Parmi les pires films, on trouve Troll2, un des films les plus mal classés sur le site de critiques Rottentomatoes, avec 6% d’opinions favorables.
C’est l’histoire d’une famille en vacances dans un village isolé qui se révèle peuplé de gobelins maléfiques. Ils sont végétariens mais ne crachent pas sur la viande humaine, à condition de la transformer au préalable en pâte végétale.
À plusieurs reprises les éclats de rire des spectateurs couvrent la bande sonore.
Quand la famille tente d’entrer en contact avec un grand-père mort, à la lueur des chandelles, la salle hilare entonne spontanément «Joyeux anniversaire». Le film n’a été distribué qu’en cassettes en 1990, mais il devenu si populaire que son directeur italien prépare une suite.
Les nanars sont donc devenus un art à part …
Pureactu avec AFP