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Ratissage et célébrations à Raqa après l’éviction de l’EI

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Ratissage et célébrations à Raqa après l’éviction de l’EI

Des combattants syriens ratissaient mercredi la ville dévastée de Raqa et recommandaient aux civils de ne pas y retourner dans l’immédiat de peur des mines, au lendemain de la prise de ce principal fief en Syrie du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Malgré la chute de l’ancienne “capitale” de facto de l’EI dans le pays en guerre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes appuyée par Washington, étaient à la recherche de jihadistes cachés dans les tunnels ou immeubles de la cité septentrionale.

Elles s’assurent “qu’il n’y a plus de cellules dormantes”, a dit à l’AFP un responsable Mustefa Bali, 24 heures après l’annonce du contrôle de Raqa au prix de plus de quatre mois de combats dévastateurs. “Après la fin du déminage et la réouverture des principales artères, nous annoncerons la libération officielle de Raqa”.

Mais les célébrations ont déjà commencé. Des combattants kurdes, rassemblés autour de l’emblématique rond-point d’Al-Naïm où l’EI menait ses décapitations et autres atrocités, tiraient en l’air et dansaient au rythme de musiques traditionnelles.

Dans le stade municipal, un grand drapeau des FDS a été hissé et des bulldozers s’affairaient à dégager des gravats qui remplissent les rues de la ville. Au loin, deux explosions retentissent.

– Fermée aux civils –

Le porte-parole des FDS a mis en garde contre un retour précipité des dizaines de milliers de civils qui avaient fui en masse la ville bombardée par air et terre pendant des mois.

Les habitants ne doivent pas “rentrer sans coordination car (la ville) est truffée de mines”, a indiqué M. Bali. Leur retour “en ce moment est très difficile”.

Beaucoup de routes sont encore fermées et aucun civil n’est autorisé à s’y aventurer tant que les opérations de ratissage ne se sont pas terminées. A l’entrée de la ville, des hommes tentaient en vain, de convaincre les FDS de les laisser se rendre dans leurs maisons, selon une correspondante de l’AFP sur place.

Tout autour, un paysage de désolation, avec des destructions à vue d’oeil, des immeubles en ruines et des rues jonchées de décombres et de carcasses de voitures.

Pendant les plus de quatre mois de combats dans la ville, 3.250 personnes ont péri -1.130 civils dont 270 enfants et 2.120 combattants des deux bords-, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

“Quand ma soeur m’a annoncé la libération, elle a commencé à pleurer et moi aussi, Dieu merci”, a affirmé Oum Abdallah, installée à Kobané, au nord de Raqa.

– ‘Pathétique’ –

La perte de Raqa, ville emblématique du règne de la terreur imposé par l’EI sur les territoires dont le groupe avait pris le contrôle en Syrie et en Irak en 2014, est un revers majeur pour l’organisation extrémiste qui voit son “califat” autoproclamé s’écrouler.

Le groupe “était dans le passé soi-disant tout-puissant, aujourd’hui il est pathétique et une cause perdue”, a tweeté Brett McGurk, l’émissaire américain auprès de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Celle-ci a joué un rôle de soutien crucial aux FDS dans leur offensive contre l’EI.

Après l’annonce de la chute de Raqa, le sort des dizaines de jihadistes étrangers qui seraient restés jusqu’à la fin de la bataille demeure un mystère, aucune image les montrant tués ou faits prisonniers n’ayant circulé depuis mardi.

“Certains se sont rendus, d’autres sont morts”, a affirmé Talal Sello, un porte-parole des FDS, sans plus de précision.

D’après l’OSDH, les jihadistes étrangers se sont rendus pour la plupart et sont aux mains des renseignements occidentaux pour certains. “Ils ne sont pas visibles car ce sont les services de renseignement qui les détiennent”, a dit à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire.

Selon le porte-parole de la coalition internationale, le colonel américain Ryan Dillon, environ 350 jihadistes se sont rendus lors “des dernières 96 heures”, dont “quatre étrangers”.

En Syrie, le groupe est encore présent, en nombre restreint, dans le centre du pays et dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion est désormais la province syrienne de Deir Ezzor (est), frontalière de l’Irak.

Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s’est complexifié avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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