C’est une décision qui provoque un tollé en Egypte. La télévision d’Etat égyptienne a décidé de priver d’antenne des présentatrices à cause de leur surpoids, a annoncé jeudi sa directrice Safaa Hegazy, une décision qui divise l’opinion publique dans ce pays.
Six à huit présentatrices seront touchées par la décision qui entre “dans le cadre du développement de la programmation dans la forme et le contenu”, a indiqué Safaa Hegazy. Les présentatrices auront la possibilité de continuer à travailler dans la production durant la période où elles doivent se mettre au régime, rapporte l’AFP. “Elles peuvent ensuite retourner à l’écran”, a-t-elle ajouté.
Were these Egyptian anchors #fatshamed?
Eight women were taken off the air until they lose weight.https://t.co/NzuWseHytt
— AJ+ (@ajplus) 18 août 2016
La décision a été qualifiée de “discriminatoire” par des groupes de défense des droits de l’Homme. C’est “honteux” et “contraire à la Constitution”, a commenté le Centre d’assistance légale pour les femmes égyptiennes.
L’une des présentatrices ciblées par la décision, Khadija Khattab, a estimé que “la publication de cette décision dans les journaux équivaut à une diffamation contre les présentatrices”.
Le Centre d’orientation et de sensibilisation des femmes est également monté au créneau. Elle a pris la défense de Khadija Khattab, qui estime « être une femme égyptienne classique » qui « ne porte pas trop de maquillage. » L’association dénonce une sorte de violence faite aux femmes. Cette décision viole donc la Constitution selon elle.
De son côté, Safaa Hegazy a rejeté les accusations de sexisme. “Comment peut-il y avoir de discrimination contre les femmes dans une institution dirigée par une femme”, a-t-elle dit. Selon elle, les présentatrices “ne sont plus comme elles étaient quand elles ont été embauchées”.
Si certains ont dénoncé la décision de la télévision d’Etat, d’autres l’ont soutenue. “Je suis d’accord avec cette décision parce que l’apparence d’une présentatrice est un critère important”, estime le journal d’Etat Al-Ahram citant un “spécialiste des médias”.
La BBC rapporte, par ailleursm les propos de Fatma Al-Sharawi, une journaliste d’Al-Ahram. Selon cette dernière, la chaîne d’État est l’exemple à suivre pour les autres télévisions égyptiennes.
Les réseaux sociaux n’ont pas non plus manqué le débat, certains internautes traitant les présentatrices de « bakabouzas », un terme péjoratif pour les femmes en surpoids.