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Renforts indiens dans la zone du choc meurtrier avec la Chine

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Renforts indiens dans la zone du choc meurtrier avec la Chine

L’Inde déploie mercredi des centaines de militaires en renfort dans la zone de l’accrochage meurtrier avec l’armée chinoise dans l’Himalaya, un événement rarissime qui a causé la mort d’au moins 20 soldats indiens.

Dans la nuit de lundi à mardi, des militaires des deux géants asiatiques se sont affrontés dans un corps-à-corps d’une extrême violence, à coups de poings, pierres et barres de fer. Le combat s’est déroulé dans une vallée à plus de 4.000m d’altitude du désert montagneux du Ladakh (nord de l’Inde), objet d’un litige frontalier ancien.

Le décès des soldats indiens “n’aura pas été en vain”, a réagi mercredi le Premier ministre indien Narendra Modi dans sa première déclaration publique sur le sujet: “l’Inde veut la paix mais est capable de donner une réponse appropriée lorsqu’on la provoque”.

Armées indienne et chinoise sont engagées depuis quelques semaines dans plusieurs face-à-face tendus le long de leur frontière contestée, principalement au Ladakh, et y ont dépêché des milliers de renforts depuis mai. Elles étaient convenues il y a dix jours d’une désescalade dans certaines des zones disputées.

Des avions de transport militaire indiens ont atterri toute la nuit à l’aéroport de Leh, un trafic nocturne inhabituel pour la capitale du Ladakh, ont indiqué mercredi à l’AFP des sources sécuritaires dans la région.

Des centaines de paramilitaires indiens ont aussi été dépêchés dans des zones proches de la vallée de Galwan, théâtre des violences, ont ajouté ces sources.

Lors de son point presse quotidien, le ministère chinois des Affaires étrangères s’est refusé pour sa part à toute précision sur la situation sur le terrain, la qualifiant simplement de “stable”.

Si l’Inde a fait état de victimes “des deux côtés” dans cette confrontation meurtrière, la première en 45 ans entre les armées des deux nations les plus peuplées de la planète, la Chine reste muette sur d’éventuels morts dans ses rangs.

Pékin a réaffirmé mercredi sa volonté d’apaisement et exhorté son voisin à éviter “les gestes provocateurs”. “Du côté chinois, nous ne voulons assurément plus voir de heurts”, a assuré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

Les deux pays se rejettent publiquement la responsabilité de l’accrochage et disent vouloir une résolution pacifique de la crise.

– Noyade –

Les corps des soldats indiens morts dans la vallée encaissée de Galwan, où coule une rivière, sont en cours d’autopsie et témoignent de la brutalité de l’affrontement.

Selon les premières constatations, “la principale cause du décès est la noyade et il semblerait qu’ils soient tombés de haut dans l’eau car ils présentent des blessures à la tête”, a décrit à l’AFP une source proche du dossier.

Les soldats indiens “ont été débordés et beaucoup d’entre eux ont été poussés dans une pente pierreuse raide. Ils sont tombés comme des objets en chute libre”, a expliqué à l’AFP une autre source sécuritaire.

La confrontation occupe mercredi les gros titres des journaux indiens, supplantant même la pandémie de coronavirus qui fait rage dans le pays d’Asie du Sud, par un contraste saisissant avec la discrétion des médias chinois sur le sujet.

“La provocation est grave”, estime le quotidien Indian Express dans un éditorial appelant l’Inde à “garder la tête froide” et “à répondre par une réflexion calme et une volonté de fer”.

New Delhi doit “être préparé à l’escalade” mais “en étant conscient de ce que cela implique pour l’avenir”, écrit le journal. Certaines chaînes de télévision ultra-nationalistes louent elles les “martyrs” tombés au front et utilisent le mot-dièse #ChinaMustPay (#LaChineDoitPayer).

L’Inde et la Chine ont plusieurs litiges territoriaux de longue date, dans les secteurs du Ladakh et de l’Arunachal Pradesh (est).

Les confrontations dans des zones montagneuses entre armées indienne et chinoise sont devenues plus fréquentes ces dernières années, ce que l’administration Trump interprète comme le signe d’une agressivité chinoise croissante en Asie.

“Nous sommes loin de la Troisième Guerre mondiale, mais c’est une situation explosive et dangereuse entre deux puissances nucléaires nationalistes à un moment où l’influence américaine a considérablement diminué”, a estimé Abraham Denmark, directeur du programme Asie du groupe de réflexion américain Wilson Center.

Le dernier conflit ouvert entre les deux nations les plus peuplées de la planète remonte à la guerre-éclair de 1962, qui avait vu les troupes indiennes rapidement défaites par l’armée chinoise.

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