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Résultats du bac: joie ou déception mais pas d’effusions cette année

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Résultats du bac: joie ou déception mais pas d’effusions cette année

Pas de scènes de liesse ni d’effusions cette année: en raison de la crise sanitaire, les 740.000 candidats au bac ont dû respecter gestes barrières et distanciation pour prendre connaissance mardi de leurs résultats, qui étaient pour la plupart déjà connus.

Eva, en Terminale ES, a décroché le bac avec mention “assez bien”: “Je suis grave contente !’, lance-t-elle. “Ca va surtout faire plaisir à ma maman”.

Avec la même mention, Raphaëlle fait un peu la moue: “J’espérais un peu mieux…”

Au lycée La Fontaine à Paris (XVIe), les lycéens ont été conviés mardi matin par petits groupes pour récupérer leur “collante” qui contient leurs moyennes à l’examen. Un masque sur le visage, ils sont répartis aux quatre coins de la grande cour intérieure.

“On a mis en garde les élèves: pas d’embrassades autorisées cette année”, explique Marianne Dodinet, la proviseure. Mais leur permettre de venir récupérer leurs résultats sur place était nécessaire, selon elle: “C’était leur offrir un peu de réconfort après cette année difficile”.

Tous les établissements n’ont pas pu organiser un tel affichage, signe que l’édition 2020 aura été jusqu’au bout, exceptionnelle.

Initialement, la réforme prévue par le ministre Jean-Michel Blanquer devait faire la part belle au contrôle continu à partir de l’an prochain. L’épidémie de coronavirus aura précipité les choses: cette année, seules ont compté les notes des premier et deuxième trimestres pour la délivrance de l’examen.

Une fois ces règles connues, il a suffi aux lycéens de sortir leur calculette et d’appliquer les bons coefficients pour savoir, avant l’heure, s’ils avaient le bac du premier coup (avec une moyenne supérieure à 10/20), le rattrapage (avec une moyenne comprise entre 08 et 10/20) ou avaient échoué.

“Je n’avais aucun stress ce (mardi) matin, je savais que j’avais le bac… de justesse”, affirme Sacha, en terminale ES, qui avait calculé sa moyenne. C’est d’ailleurs “un miracle”, selon la jeune fille, qui dit n’avoir pas travaillé pendant deux ans.

Pour qu’aucun élève ne soit pénalisé par la fermeture de tous les établissements mi-mars et l’absence d’examen final, le ministère avait appelé à un “esprit de bienveillance”.

– “Un bac généreux” –

Les moyennes annuelles ont par exemple été arrondies à l’unité supérieure.

Des jurys d’harmonisation ont eu accès aux notes des élèves, à leurs appréciations et aux éléments statistiques des lycées sur les trois dernières années, comme les résultats au bac ou le taux de mentions. Forts de ces données, ils pouvaient décider de “revaloriser la moyenne annuelle” d’un candidat.

En terminale L, Bénédicte a obtenu une mention “bien”. Un résultat qu’elle n’aurait sans doute pas atteint si elle avait passé des épreuves finales, juge-t-elle. Malgré tout, “j’ai une petite frustration de ne pas avoir passé un bac classique”, confie-t-elle.

“C’est un bac généreux, sans aucun doute. Il y aura sûrement moins de candidats au rattrapage et plus de mentions, mais avec tout ce que les élèves ont vécu cette année, c’est une forme de compensation”, estime Mme Dodinet, la proviseure du lycée La Fontaine.

La bienveillance a-t-elle été, pour cette édition inédite, poussée à l’extrême?

C’est ce qu’ont constaté de nombreux profs lors des jurys d’harmonisation, à en croire Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. “Plusieurs notes, saisies manuellement, ne correspondaient pas à celles inscrites sur les livrets scolaires mais étaient en fait bien supérieures”, raconte-t-elle.

Une petite cuisine interne pratiquée par des établissements désireux de ne pas léser leurs élèves.

Dans l’entourage de M. Blanquer, on estime que ce cas de figure a pu se produire “très ponctuellement”. Pour y remédier, “on a donné comme consigne aux jurys de s’en tenir aux notes qui figurent dans les livrets scolaires”.

Reste à voir si ces petits arrangements, s’ils ont eu lieu, feront varier le taux de réussite cette année. “Je ne m’attends pas à une énorme différence à l’arrivée”, souligne Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d’établissement.

L’an dernier, 77,7% des candidats avaient été reçus d’emblée (avant un taux de réussite final de 88%). Le taux de réussite avant les oraux sera connu mardi soir.

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