
“49-3 ou pas, on n’en veut pas”: quelques milliers d’opposants à la réforme des retraites ont manifesté mardi à Paris et en province contre la probable adoption du projet de loi en première lecture à l’Assemblée nationale dans la soirée.
A Paris, le cortège clairsemé, de 20.000 personnes selon les syndicats, a relié la place de la République à la Madeleine, à l’appel de l’intersyndicale formée par la CGT, Force ouvrière, la FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse.
“Coronavirus, la fièvre monte à 49-3”, “on ira jusqu’au retrait”, “grèves, blocages, Macron dégage”, “les jeunes dans les galères, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas”, entendait-on comme slogans.
Quelques dizaines de jeunes militants anarchistes s’étaient placés en amont du cortège au cri de “la rue est à nous”.
“Les gens ont été pris de court, comme le gouvernement a cherché à prendre de court l’ensemble des Français en fin d’après-midi un samedi [en annonçant le recours au 49-3], alors que la France est polarisée sur le coronavirus. Ça nous a obligés à réagir vite, évidemment ça ne laisse pas beaucoup de temps pour se mettre en grève”, a commenté Catherine Perret (CGT).
L’intersyndicale avait programmé une journée d’action le 31 mars mais a décidé en urgence d’une autre manifestation ce mardi pour réagir à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution qui permet au gouvernement de faire adopter le texte sans vote, sauf s’il est renversé par une motion de censure.
“Tout le monde a été pris de court samedi lorsqu’on a découvert par hasard, subrepticement, cette décision absolument incompréhensible. L’appel au 31 mars demeure mais on n’aurait pas pu rester l’arme au pied dans ce contexte”, a commenté Yves Veyrier (FO).
“Avant le 31 mars, il va falloir continuer à faire des actions (…). Il y a une colère très grande et un sentiment d’impuissance chez les salariés, un sentiment de mépris très grand, de déni de démocratie”, a jugé Benoît Teste (FSU).
D’autres défilés ont eu lieu en province. A Lille, quelque 400 personnes, selon l’AFP, se sont rassemblées dans le centre-ville.
“Pour une question aussi essentielle, on pouvait imaginer quatre mois de discussions ! Il n’y a rien qui justifie cet empressement”, a dénoncé Gérard, 60 ans, cadre au conseil régional des Hauts-de-France.
A Rennes, 80 avocats (sur les 900 que compte le barreau) ont défilé dans les rues du centre-ville à l’occasion d’une “marche funèbre”, en portant un cercueil et une couronne “A notre justice bien-aimée”.
“Si la réforme des retraites passe, les avocats qui font la justice du quotidien, mettront la clé sous la porte”, a prévenu Me Hélène Laudic-Baron, bâtonnière de Rennes.
A Bordeaux, ils étaient un petit millier devant la préfecture. Quelques-uns avaient même pris des précautions contre un certain “virus”, comme Jean-Marc qui arborait un masque chirurgical marqué à l’encre rouge des chiffres de la discorde: 49.3.
A Marseille, plusieurs milliers d’opposants à la réforme ont défilé dans la matinée, dont le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
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