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Russie, Ukraine, élargissement: un sommet de l’UE qui évite les fâcheries

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Russie, Ukraine, élargissement: un sommet de l’UE qui évite les fâcheries

Les dirigeants de l’UE et de six pays issus de l’ex-URSS se retrouvent vendredi à Bruxelles pour approfondir leur “partenariat” mais en évitant les sujets qui fâchent comme le conflit ukrainien et leurs perspectives d’adhésion au bloc européen.

Principal tabou de cette réunion du “Partenariat oriental”: la Russie et son emprise sur des pays dont Moscou estime qu’ils appartiennent toujours à sa “sphère d’influence”, ainsi que les inquiétudes des capitales européennes sur des ingérences russes dans leurs processus électoraux.

Le sommet, vendredi matin, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays de l’Union et d’Ukraine, de Moldavie, de Géorgie, du Bélarus, d’Arménie et d’Azerbaïdjan n’est “dirigé contre aucun pays”, martèlent les responsables à Bruxelles.

Mais –signe de leur extrême prudence et des difficultés à s’accorder sur les sujets qui divisent–, le texte final du sommet ne fera pas mention du conflit déclenché par des séparatistes prorusses en Ukraine, qui a fait plus de 10.000 morts depuis 2014.

Ni même de l’annexion de la Crimée par la Russie, qui avait fait l’objet d’une condamnation musclée de la part de l’UE au cours de la dernière rencontre dans ce format, à Riga en 2015.

-‘Avantages concrets’-

La déclaration finale commune se contente d’appeler à “des efforts renouvelés pour promouvoir un règlement pacifique des conflits dans la région”.

Elle omet, contrairement à ce qui avait été le cas en 2015, de nommer spécifiquement les nombreux conflits sécessionnistes en ex-URSS dans lesquels les Occidentaux accusent la Russie de jouer un rôle en sous-main: entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh, entre la Géorgie et des séparatistes prorusses qui ont proclamé deux républiques indépendantistes, ou dans la région de Transnistrie en Moldavie.

“Le sommet du Partenariat oriental n’est pas un instrument de résolution de conflits, c’est un instrument pour discuter de la façon de développer et d’approfondir notre partenariat”, a tenté de justifier un haut responsable de l’UE sous couvert d’anonymat.

Cette rencontre, où sont conviés des dirigeants considérés comme autocrates, comme les présidents du Bélarus Alexandre Loukachenko –qui a décliné l’invitation– et de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev, est à ce titre critiquée par les ONG de défense des droits de l’homme.

Ses participants ont tous à l’esprit la tournure dramatique prise par le sommet du Partenariat oriental en 2013, lorsque le président ukrainien Viktor Ianoukovitch avait, à la dernière minute, refusé de signer un accord d’association avec l’UE pour se tourner vers Moscou.

Des Ukrainiens proeuropéens avaient alors occupé pendant des mois la place Maïdan à Kiev, des manifestations finalement réprimées dans le sang, rapidement suivies par l’annexion de la Crimée et le conflit dans l’Est.

Cette fois, l’UE préfère mettre l’accent sur une liste de 20 “avantages concrets pour les citoyens” qu’elle promet de soutenir, tout en réclamant une lutte accrue contre le fléau de la corruption, davantage de démocratie et une justice plus indépendante à ses partenaires des anciennes républiques de l’ex-URSS.

-‘Se faire la cour’-

Objectif : renforcer la popularité de l’UE dans leurs opinions publiques, avec par exemple une plus grande ouverture du programme d’études à l’étranger Erasmus, et un soutien financier aux petites et moyennes entreprises. Une réduction des frais d’itinérance pour les téléphones mobiles est également envisagée.

Mais il est hors de question pour l’UE de donner le moindre gage sur une adhésion future à ces pays, malgré les attentes énormes de certains comme l’Ukraine ou la Géorgie.

“Les participants au sommet reconnaissent les aspirations européennes et le choix européen des partenaires”, est-il sobrement écrit dans la déclaration finale.

Les Pays-Bas, où la population a rejeté par référendum un accord d’association de l’UE avec l’Ukraine en 2016, se sont montrés particulièrement intraitables.

Au risque de décevoir, notamment chez les pays les plus europhiles. “Ce que l’Ukraine veut vraiment entendre est un message simple: +Dès que vous serez prêts, vous pourrez rentrer+”, a récemment exposé un proche conseiller du président Petro Porochenko.

Pour le Premier ministre moldave Pavel Filip, l’UE est le principal atout des gouvernements europhiles pour combattre une “propagande russe très agressive”.

“C’est comme se faire la cour”, a estimé M. Filip en filant la métaphore amoureuse. “Le plus important est de gagner les esprits et les coeurs. L’argent (les investissements et l’aide de l’UE, ndlr) compte, mais les messages politiques sont bien plus importants !”, a-t-il lancé jeudi devant des journalistes.

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