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Salmonelle chez Lactalis: une ville et une usine à cran

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Salmonelle chez Lactalis: une ville et une usine à cran

“Je n’ai rien à dire”: après l’affaire de la contamination aux salmonelles de laits infantiles, jeudi, la consigne est passée à Craon (Mayenne), où l’usine Lactalis incriminée est installée: on ne parle pas.

Sur le site mayennais, quelques heures après le rappel de 720 lots, les mines sont aussi grises que le ciel. Et, visiblement, le mot d’ordre a été entendu: “Non non, je ne sais pas, je n’ai rien à dire”, expliquent à l’unisson les employés, les uns après les autres.

Dans cette usine même les syndicats restent aux abonnés absents: la CFTC, seul syndicat implanté sur le site de Craon, est injoignable.

“C’est vraiment dommage de voir notre boite mise en avant pour ça, ça remet tout notre travail en cause”, souffle tout juste du bout des lèvres cette jeune femme, qui a rejoint le géant agroalimentaire il y a deux ans mais refuse de donner son nom… “pour éviter les problèmes.”

Il faut dire que l’entreprise a élevé le silence en règle d’or. Le groupe Lactalis est réputé pour sa discrétion et ne publie même pas ses comptes.

Dans la ville de Craon, on hésite également à évoquer cette crise qui n’est pas sans rappeler celle qui avait déjà touché en 2005 ce site Célia, racheté par Lactalis en 2006. Une contamination similaire, mais à moindre échelle, avait affecté à l’époque 35 enfants nourris avec du lait infantile de marque Picot.

Pas étonnant quand on sait que l’usine laitière est le plus gros employeur de cette ville de 4.500 habitants.

“Ma petite-fille a eu un des lots, elle a fait des analyses. Heureusement, tout va bien. Par contre ses parents ont promis de ne plus racheter cette marque”, explique seulement Dominique, 57 ans.

“Je pense que les mesures ont été prises maintenant. Du moins, j’espère…”, assure cette habitante.

– ‘forcément inquiétant’ –

Le pharmacien de la ville, lui, a déjà retiré les lots mis en cause. “Dans nos clients, il y a des gens de l’usine. Ils sont les premiers embêtés par cette affaire”, explique Dominique Girard. “Cela pose problème pour l’avenir du site, pour les emplois, les familles… C’est évidemment une grosse question”.

Conséquence de ces déboires sanitaires, une partie des 350 employés de l’usine vont subir des mesures de chômage technique, a indiqué un porte-parole du groupe à l’AFP.

Le groupe Lactalis, qui avait déjà rappelé 625 lots ces deux dernières semaines, a en effet retiré du marché international et national tous les produits infantiles et nutritionnels “fabriqués ou conditionnés” à Craon depuis le 15 février.

“La situation est difficile pour les salariés”, assure Géraldine Bannier, députée Modem de la deuxième circonscription de Mayenne.

“C’est un enjeu très important pour la Mayenne”, assure la députée, “C’est forcément inquiétant car c’est le plus gros employeur du département.”

Si le nettoyage a, semble-t-il, déjà commencé, le directeur de la communication du groupe Michel Nalet est “incapable de donner un délai, une date concernant la reprise de la production de l’usine”.

En attendant, il suffit peut-être de suivre les conseils de ce retraité, qui roule les R accoudé au comptoir: “Nous, il y a 70 ans, on buvait le lait directement au pis des vaches et il n’y avait pas de problème !”

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