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Sans les “gueules cassées” pas de chirurgie maxillo-faciale

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Sans les “gueules cassées” pas de chirurgie maxillo-faciale

Comme l’un des héros du film “Au revoir là-haut”, des milliers de soldats ont été défigurés durant la Première Guerre mondiale et la chirurgie maxillo-faciale a été inventée pour réparer ces “gueules cassées”, explique à l’AFP le docteur Ludovic Bénichou.

Le docteur Bénichou est chef du service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie au groupe hospitalier Paris Saint Joseph, qui organise une exposition sur l’évolution de ces techniques du 23 au 29 octobre, à l’occasion de la sortie du film.

Q: En quoi la Grande Guerre a-t-elle contribué au développement de votre spécialité?

R: “S’il n’y avait pas eu la Première Guerre mondiale et les gueules cassées, il n’y aurait pas eu de chirurgie maxillo-faciale, qui a été inventée pour y répondre.

Cette guerre a donné naissance à un nouveau type de blessures, car c’était une guerre de tranchées. Ce qui dépassait des tranchées, c’était les têtes et les visages, touchés en premier quand un obus tombait. D’où le développement des techniques de reconstruction des os de la face.

Tout un tas de techniques ont été inventées à cette époque. Par exemple, l’un des pionniers, Léon Dufourmentel, a eu l’idée de prélever des lambeaux de cuir chevelu des patients pour refaire leur menton.

Après-guerre, des services hospitaliers se sont montés pour répondre à cette demande. On les appelait +L’étage des baveux+: les patients bavaient constamment car ils n’avaient plus de mâchoire.”

Q: Quels sont les cas les plus fréquents aujourd’hui?

R: “D’une part, on a la traumatologie. Cela va des fractures de la face jusqu’aux traumatismes balistiques, essentiellement des tentatives de suicide. Quand des gens tentent de se suicider avec un fusil de chasse, ça ouvre le visage comme un livre, ce sont les cas les plus lourds. Les cas liés aux accidents de voiture, eux, ont baissé, grâce aux airbags.

La deuxième grosse partie de notre activité, ce sont les cancers: enlever des tumeurs sur le visage ou la mâchoire.

Dans ce dernier cas, on refait la mâchoire en prélevant le péroné (os qui double le tibia, ndlr), car la jambe peut se passer de cet os sauf de ses 7 derniers centimètres, qui maintiennent la cheville. Pour que le sang circule, on suture une artère du cou avec celle du péroné, et idem pour les veines.

Dans la chirurgie maxillo-faciale, il y a une dimension psychologique. On a beau reconstruire, ce ne sera jamais comme si le patient n’avait rien eu: il doit faire le deuil de son visage et adopter le nouveau.”

Q: Les techniques continuent-elles d’évoluer?

R: “L’impression 3D a été une très grosse avancée de ces dernières années. Il y a différentes façons de l’utiliser dans la reconstruction faciale. Pour remplacer un morceau d’os qui manque, on peut en concevoir un par ordinateur et en faire une impression 3D en titane.

On peut aussi concevoir des vis et des plaques sur mesure, ainsi que des guides de coupe. Ces guides permettent de découper les os de façon très précise, afin qu’ils s’emboîtent parfaitement lors de la reconstruction. La chirurgie maxillo-faciale est une spécialité passionnante!”

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