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Schizophrénie : des symptômes supprimés chez des souris

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Schizophrénie : des symptômes supprimés chez des souris

Des chercheurs suisses sont parvenus à corriger des anomalies comportementales chez des souris schizophrènes. Une découverte qui apporte un espoir de traitement pour les patients même adultes.

Traiter la schizophrénie en resynchronisant des neurones. C’est la piste sérieusement envisagée par des chercheurs suisses de l’Université de Genève (UNIGE). Leur conviction se base sur les résultats d’une expérience sur des souris atteintes de cette maladie psychiatrique.

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Depuis quelques années les scientifiques penchent sur l’hypothèse d’une désynchronisation des réseaux neuronaux à l’origine de cette pathologie. Mais la cause cellulaire restait inconnue. C’est ce mécanisme cellulaire qui a intéressé les chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE). L’équipe a réussi à décrypter le processus cellulaire menant à la désynchronisation des neurones. Chez une souris adulte malade, ils sont parvenus à supprimer les comportements anormaux associés à la schizophrénie en corrigeant “ce défaut d’organisation” neuronal dans l’hippocampe, région cérébrale impliquée notamment dans la mémoire.

Les chercheurs sont partis du constat que dans le cerveau des souris malades, les neurones présentent le même niveau d’activité que des souris en bonne santé. En revanche, les cellules nerveuses des schizophrènes se révèlent totalement incoordonnées, comme incapables de communiquer correctement entre elles.

Stimuler les neurones inhibiteurs pour supprimer les symptômes

“L’organisation et la synchronisation des réseaux neuronaux se fait grâce à l’intervention de sous-populations de neurones inhibiteurs, notamment les neurones à parvalbumine”, explique Alan Carleton, professeur au Département des neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’UNIGE et auteur des travaux, sur le site de l’UNIGE. “Or, dans ce modèle animal de la schizophrénie, ces neurones sont beaucoup moins actifs. Sans une inhibition correcte qui permet de contrôler et de structurer l’activité électrique des autres neurones du réseau, l’anarchie règne ainsi en maître.”

Pour remettre de l’ordre dans ces réseaux, les chercheurs ont donc stimulé ces neurones inhibiteurs dysfonctionnels. Cette resynchronisation, nécessaire pour un fonctionnement normal des réseaux neuronaux, a fonctionné : elle a permis de supprimer des symptômes liés à la schizophrénie, en l’occurrence ici le défaut d’hyperactivité et le déficit de mémoire.

Une piste thérapeutique même à l’âge adulte

Pour les chercheurs, cette découverte pourrait déboucher sur une intervention thérapeutique y compris à l’âge adulte. “La schizophrénie se déclare […] à la fin de l’adolescence, même si les altérations sont très probablement présentes dès le stade neuro-développemental. D’après nos travaux, renforcer l’action d’un neurone inhibiteur faiblement actif, même après avoir passé les périodes de développement cérébral, pourrait suffire à rétablir le bon fonctionnement des réseaux neuronaux et faire disparaître certains comportements pathologiques”, suggère Alan Carleton.

Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Nature neuroscience.

La schizophrénie est un trouble psychiatrique invalidant qui se déclare entre 15 et 25 ans le plus souvent. Ses symptômes varient d’un patient à l’autre : sentiment de persécution (paranoïa), mégalomanie, idées délirantes, hallucinations visuelles ou auditives. Elle entraîne un isolement social et des difficultés cognitives comme des problèmes de mémoire ou une difficulté à planifier des tâches simples. En France, 600 000 personnes sont atteintes de schizophrénie.

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