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Scrutins serrés et bulletins à rallonge derrière les complications chroniques en Floride

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Scrutins serrés et bulletins à rallonge derrière les complications chroniques en Floride

Plusieurs jours passés à dépouiller les votes, coups de théâtre dans les résultats et laborieuses vérifications, bulletin par bulletin: pourquoi les élections aux Etats-Unis donnent-elles parfois lieu à un tel flottement, avec en 2000 comme cette semaine, la Floride en première ligne de la controverse?

– Donald Trump a-t-il raison de parler de “fraude”? –

Dans une avalanche de tweets et des propos indignés devant la presse, le président républicain a dénoncé vendredi un processus “honteux” en Floride, criant à la “fraude” lors des élections de mardi aux postes de sénateur et gouverneur, dont les résultats n’ont pas encore été révélés.

Il a également évoqué des scrutins très disputés dans l’Arizona et en Géorgie, affirmant que les démocrates trichaient.

Le gouverneur de Floride, Rick Scott, qui est aussi le candidat républicain au poste de sénateur, a lui aussi dénoncé une “fraude effrénée” dans le scrutin contre son opposant démocrate.

Mais aucune enquête pour possible fraude n’avait été ouverte vendredi après-midi, a indiqué à l’AFP le ministère de la police de Floride.

Les déclarations de Rick Scott sont “incendiaires”, estime Charles Barrilleaux, professeur de sciences politiques à l’université de Floride.

Leurs commentaires “sont irresponsables”, renchérit David Lublin, professeur à l’American University.

“Les républicains en Floride crient à la fraude parce qu’ils savent que beaucoup de suffrages anticipés cette année ont penché fortement du côté démocrate”. Or beaucoup n’ont pas encore été dépouillés.

En revanche, tous –républicains, experts indépendants ou démocrates– déplorent qu’un comté de Floride, le fief démocrate de Broward, n’ait pas même indiqué combien de bulletins restaient encore à compter.

– Pourquoi autant de temps? –

Trois jours après les élections de mi-mandat du 6 novembre, plusieurs comtés à travers le pays n’ont toujours pas communiqué leurs résultats. Un délai qui interpelle dans la première puissance mondiale, berceau de nombreuses avancées technologiques révolutionnaires.

“Les Américains votent sur énormément de choses”, explique David Lublin.

Leurs bulletins de vote, élaborés par chaque comté, présentaient ainsi souvent mardi plus d’une dizaine de catégories, du poste de sénateur à celui de shérif local, et couraient sur plusieurs pages.

“Enormément de gens votent par courrier”, ce qui ralentit encore le processus du dépouillement, précise M. Lublin.

“Nos élections ne sont pas organisées par une autorité électorale centralisée” mais par chacun des 50 Etats américains, “et leur gestion revient en fait aux autorités locales”, ajoute David Lublin.

– Pourquoi toujours la Floride? –

Beaucoup ont cette semaine un sentiment de déjà-vu. Après la présidentielle de 2000, il s’agit cette fois de vérifier les résultats pour les importants postes de sénateur et gouverneur.

Ce n’est toutefois pas son système électoral qui est fautif, estiment les experts, mais plutôt son statut d’Etat pivot, où les deux partis arrivent très proches dans les scrutins.

“Je ne pense pas que la Floride soit sous les projecteurs à cause d’irrégularités mais parce que les élections y sont vraiment serrées”, estime Charles Barrilleaux. “Chaque vote compte”.

Dans d’autres Etats où les duels ne se jouent pas au vote près, les autorités sont en mesure d’annoncer le résultat bien plus tôt, même si des bulletins restent encore à dépouiller.

– Vers un “remake” de 2000? –

Verra-t-on, comme en 2000, les employés des comités électoraux inspecter, loupe à la main, un par un les bulletin en carton poinçonné? Non, prévoit David Lublin.

“La bonne nouvelle, c’est que depuis, le processus a été amélioré”.

La loi ordonne désormais automatiquement un nouveau dépouillement si les score de deux candidats ont moins de 0,5 point d’écart.

Et contrairement à ce qu’il s’est passé en 2000, la Floride a cette fois une date butoir, le 18 novembre, pour livrer un résultat final après d’éventuels comptages automatique et manuel.

Surtout, ces fameux bulletins poinçonnés n’existent plus. Les électeurs doivent désormais noircir des cases, ce qui pourrait laisser place à certaines hésitations mais pas autant que les interminables débats de l’époque autour de confettis encore partiellement accrochés au bulletin.

Si les poursuites judiciaires ont déjà été lancées de part et d’autres, pour David Lublin, “cette fois en Floride, on ne devrait pas voir le même bazar qu’en 2000”.