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Soudan: deux mois de constestation antigouvernementale

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Soudan: deux mois de constestation antigouvernementale

Le Soudan connaît depuis plus de deux mois des manifestations quasi-quotidiennes qui dénonçaient dans un premier temps le triplement du prix du pain avant de se transformer en appels à la chute du régime d’Omar el-Béchir, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 30 ans.

Depuis le 19 décembre 2018, 31 personnes sont mortes selon les autorités, 51 selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), dont des enfants et des personnels médicaux.

Des centaines de manifestants, dont des chefs de l’opposition, des militants et des journalistes, ont été emprisonnés par le service du renseignement (NISS).

Une partie des protestations sont organisée par l’Association des professionnels soudanais, relayées sur les réseaux sociaux avec les mots-dièse #SudanRevolts et #SudanUprising (“Révoltes au Soudan”, “Soulèvement au Soudan”).

– Manifestations contre le prix du pain –

Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais manifestent dans plusieurs villes après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain, produit qui fait l’objet d’une pénurie depuis trois semaines. Dans deux localités, des protestataires incendient le siège du parti au pouvoir.

Ces manifestations coïncident avec le retour au pays, après un an d’exil, du leader de l’opposition Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre chassé du pouvoir en 1989 par le coup d’Etat d’Omar el-Béchir. Il dirige le parti al-Oumma.

– “Liberté, liberté” –

“Liberté, Liberté”, “le peuple veut la chute du régime”, scandent des manifestants le 20 décembre. Huit d’entre eux sont tués dans des affrontements avec les forces de l’ordre.

Le 21, de nouvelles manifestations éclatent à Khartoum et dans la ville voisine d’Oumdourman, lorsque des fidèles sortent d’une mosquée fréquentée par des disciples d’al-Ansar, liée au parti al-Oumma qui a appelé ses membres à rejoindre la contestation.

– Inquiétudes internationales –

Le 24, Omar el-Béchir s’exprime pour la première fois, promettant “de vraies réformes”.

Le 25, Amnesty International affirme que 37 manifestants ont été “abattus” depuis le début du mouvement. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Norvège et le Canada appellent Khartoum à “éviter les tirs à balles réelles sur les manifestants, les détentions arbitraires et la censure”.

Le chef de l’Etat dénonce lui “des traîtres, des agents, des mercenaires” qui “sabotent” les installations et les institutions de l’Etat.

Le 27, les autorités annoncent que 19 personnes, ont été tuées depuis le début de la contestation, dont deux membres des forces de sécurité.

– Tirs dans un hôpital –

Le 1er janvier 2019, une vingtaine de formations politiques réclament un changement de régime.

Le 5, Omar el-Béchir limoge son ministre de la Santé après une augmentation des prix des médicaments.

Le 9, les forces anti-émeute tirent à balles réelles dans un hôpital, pourchassant des blessées de manifestations à Omdurman, selon Amnesty.

Le 13, des manifestations ont lieu pour la première fois au Darfour.

– Béchir ne cédera pas –

Le 14, Béchir déclare que la contestation n’aboutira pas à un changement du pouvoir.

Le 17, des membres du Conseil de sécurité de l’ONU appellent Khartoum à respecter le droit de manifester. Les députés européens condamnent la répression.

La semaine suivante, les accréditations de journalistes de plusieurs médias étrangers sont retirées.

Le 2 février, un militant d’un parti islamiste membre de la coalition au pouvoir, arrêté pour ses liens avec les manifestations, meurt en détention.

Le 11, Human Rights Watch dénonce, vidéos à l’appui, des violences des forces de sécurité envers les manifestants: tirs à balles réelles, gaz lacrymogènes, coups, arrestations, raids dans les hôpitaux.

Le 16, une commission parlementaire repousse une réunion en vue d’une révision de la Constitution pour permettre au président de briguer un troisième mandat en 2020.

Le 21, plusieurs militants et opposants sont encore arrêtés à Khartoum lors d’une nouvelle marche dispersée vers le palais présidentiel.

Le 22 février, le chef de l’Etat décrète l’état d’urgence dans l’ensemble du Soudan et annonce le limogeage du gouvernement ainsi que des instances dirigeant les provinces du pays.