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Souffler pour se faire dépister ? Une expérimentation en cours à Lyon

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Souffler pour se faire dépister ? Une expérimentation en cours à Lyon

Détecter le Covid-19 en “soufflant dans le ballon”, à la manière d’un éthylotest ? Au Palais des Sports de Lyon, une vaste expérimentation est en cours, ouvrant des perspectives pour le retour à la “vraie vie” d’après l’épidémie.

“Souffler, c’est beaucoup mieux que d’avoir un goupillon dans le nez!”, s’amuse, le regard rivé sur la jauge de l’appareil, Jennifer Gaffin, 22 ans, se prêtant au jeu après être venue passer un test PCR.

A Alexandre, 10 ans, Candice Cart, assistante ingénieure, explique qu’il faut “prendre une grande inspiration”. “Et après tu vas expirer de façon continue jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’air dans tes poumons”.

Le jeune garçon était venu se faire tester dans cette vaste halle du sud de la ville car toute sa classe a été fermée pour cause de Covid. “En douceur!”, s’exclame-t-il après avoir soufflé dans le tuyau.

“Les patients sont très intrigués et réceptifs à cette expérimentation”, assure le Dr Alexandre Gaymard, virologue aux Hospices civils de Lyon, chargé du projet COVIDAir.

Depuis un mois, plus de 2.800 Lyonnais ont déjà soufflé via un tuyau dans cette grosse machine, de la taille d’un frigo. Il en faudra le double pour mener à bien cette étude clinique.

“Le centre de dépistage de Gerland étant assez fréquenté, on devrait atteindre notre objectif d’ici fin juin”, espère le Dr Gaymard.

L’objectif est de pouvoir identifier et quantifier les molécules présentes dans un échantillon d’air afin de détecter les personnes atteintes du Covid-19, en utilisant un spectromètre de masse.

Cet instrument “va séparer et observer les molécules que vous expirez. On obtient ensuite un graphique qui va être interprété par un logiciel”, explique le chercheur.

Les personnes participant à l’expérience ont toutes fait un test PCR en amont, afin que les deux résultats puissent être comparés en laboratoire.

Si l’expérimentation devait aboutir, une à deux minutes pourraient suffire pour se faire dépister du Covid-19.

Cette technologie pourrait donc être utilisée dans les lieux ouverts au public, lors de manifestations sportives ou culturelles, dans les aéroports avant l’embarquement, ou encore à l’entrée des urgences des hôpitaux pour trier les patients.

“Cette machine sera utile dans tous les lieux où il faut dépister rapidement”, résume le Dr Gaymard.

– Fiable à 95%? –

S’il est encore impossible de tirer des conclusions de ce mois d’expérimentation, des résultats préliminaires obtenus l’année dernière sur des patients atteints du Covid-19 à l’hôpital lyonnais de la Croix-Rousse avaient démontré “une fiabilité à 95% en comparaison avec un test PCR”, selon Alexandre Gaymard.

L’étude COVIDAir est menée par un consortium de scientifiques de l’Institut des agents infectieux des Hospices civils de Lyon, de l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement (IRCELYON) du CNRS et de l’Institut des sciences analytiques (ISA). Ses conclusions devraient être rendues d’ici la fin de l’année.

La technologie de la spectrométrie de masse est notamment utilisée lors d’analyses environnementales pour détecter des particules dangereuses dans l’air.

Sa récente utilisation en santé humaine pourrait être élargie à la détection d’autres maladies respiratoires, espèrent les scientifiques.

“On recueille aussi des informations permettant de détecter d’autres virus, comme la grippe ou le virus respiratoire syncytial, responsable de la bronchiolite du nourrisson”.

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