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Strasbourg ouvre son marché de Noël, sans céder à la peur

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Strasbourg ouvre son marché de Noël, sans céder à la peur

Strasbourg redevient vendredi pour un peu plus de cinq semaines “capitale de Noël” avec l’ouverture de son célèbre marché, avec la volonté de ne pas céder à la peur, un an après l’attentat qui a ensanglanté la précédente édition.

Le marché de Noël, qui se tient cette année jusqu’au 30 décembre, “c’est l’émerveillement des petits et des grands et même des personnes âgées”, sourit Christiane, pendant que son compagnon Dany prend l’immense sapin de la place Kléber en photo avec son téléphone.

“L’attentat ,on y pense mais cela ne nous arrête pas, il faut sortir quand même, se serrer les coudes, ne pas extérioriser la peur, sinon ils auront gagné”, estime cette retraitée strasbourgeoise, peu avant l’ouverture des chalets, prévue à 14H00.

Pour cette 450e édition du marché de Noël le plus célèbre de France, décorations en tout genre, santons et bredele (petits biscuits traditionnels) attendent les acheteurs dans 300 chalets, autour desquels s’agitaient les commerçants vendredi matin pour les derniers préparatifs.

Sous les odeurs de vin chaud affleurera le souvenir du 11 décembre 2018, quand Cherif Chekatt avait semé la terreur, armé d’un pistolet et d’un couteau, dans les ruelles du centre, à l’heure où le marché de Noël s’apprêtait à fermer.

Il avait tué cinq hommes et blessé une dizaine de personnes avant d’être tué par une patrouille de police après deux jours de cavale.

Un an après le drame, la mairie et la préfecture ont promis un dispositif sécuritaire “plus dynamique et mieux coordonné”, tout en reconnaissant que le marché de Noël ne pourrait jamais être complètement “étanche”.

Ce dispositif sera présenté au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui se rendra à Strasbourg vendredi après-midi.

“Nous n’avons aucun élément spécifique d’inquiétude, terroriste ou autre, concernant le marché de Noël de Strasbourg”, a-t-il assuré dans un entretien aux Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), assurant vouloir “porter un message de vigilance, mais aussi de sérénité, de confiance et d’invitation à la fête”.

Quelque 500 membres des forces de l’ordre en tenue et en civil, l’accès au centre-ville filtré avec des points de contrôle auxquels les visiteurs devront se présenter sacs et manteaux ouverts, des obstacles et des fosses pour parer la menace de véhicules-béliers… De multiples mesures de sécurité ont été prises.

Le 11 décembre, une journée d’hommage sera organisée en souvenir des victimes de l’attentat, moment d’émotion à mi-course du marché de Noël.

– Crainte de… la grève –

Jeudi, Monique Kuprycz-Adam finissait d’arranger pains d’épices et confiseries dans son chalet “S’Zucker Hisele”, comme elle le fait chaque année depuis un demi-siècle.

Elle trouve encore l’atmosphère “lourde”, mais n’a pas envisagé de bouder l’événement. “Ma famille fait le marché de Noël depuis 1906, ça serait montrer qu’on a peur, hors de question”, tranche-t-elle.

La crainte des attentats ne semble pas non plus avoir découragé les visiteurs. Benjamin, 27 ans, et Saskia, 24 ans, sont venus de Stuttgart passer trois jours dans la capitale alsacienne et comptent bien profiter du marché de Noël, car, même si ces marchés rythment aussi les fins d’année en Allemagne, “ce n’est pas aussi gigantesque ni magnifique”.

Quant aux attentats, ils peuvent “se passer n’importe où”, considère Saskia, également rassurée par les mesures de sécurité.

“Les tendances sont bonnes, on a une montée en charge des réservations qui est très encourageante pour l’ensemble de la saison des marchés de Noël, mais on a toujours une inquiétude à cause de la grève SNCF du 5 décembre”, explique Pierre Siegel, du Groupement des hôteliers, restaurateurs et débitants de boissons du Bas-Rhin.

“Il n’y a pas de retard sur quelque clientèle que ce soit en lien avec le drame qu’on a vécu”, abonde Paul Meyer, adjoint au maire en charge du tourisme.

Avec un budget qui devrait atteindre 4,5 à 5 millions d’euros pour ce marché, dont près d’un million pour la sécurité, Strasbourg attend environ 250 millions d’euros de retombées économiques.

Au-delà de Strasbourg, tout le nord-est de la France entre dans la saison des marchés de Noël, de Montbéliard à Metz, en passant par Kaysersberg, Obernai et Sélestat. Colmar, qui attend 1,5 million de visiteurs contre 2 millions à Strasbourg, inaugure aussi son marché vendredi soir.

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