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Syrie: Damas impose ses conditions à la reprise des pourparlers de Genève

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Syrie: Damas impose ses conditions à la reprise des pourparlers de Genève

L’ONU a relancé mardi à Genève le difficile processus de négociations sur la Syrie, au point mort depuis plusieurs mois, mais le régime de Damas, fort de ses victoires militaires, est décidé à imposer ses conditions.

La délégation officielle du gouvernement syrien, qui était attendue lundi, a retardé son arrivée à mercredi pour protester contre les déclarations de l’opposition réclamant le départ du président syrien Bachar al-Assad avant tout règlement du conflit, une ligne rouge pour Damas.

Malgré ce contretemps, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a déjà organisé 7 cycles de discussions à Genève depuis 2016, sans succès, a prévu de maintenir son programme et d’ouvrir ce 8e cycle par une rencontre avec la délégation de l’opposition syrienne.

Selon un haut responsable syrien, le gouvernement a négocié pied à pied avec M. De Mistura au cours des deux derniers jours.

“La délégation gouvernementale va venir mercredi à Genève pour exprimer sa position concernant les pourparlers”, a-t-il dit à l’AFP.

M. De Mistura “a promis à la délégation qu’il n’y aurait pas de rencontre en direct avec l’opposition, ni aucune discussion sur la déclaration de Ryad, et que les conditions mentionnées dans cette déclaration (…) n’ont rien à voir avec le processus de Genève”, a-t-il ajouté.

Lors d’un rassemblement de toutes les composantes de l’opposition à Ryad la semaine dernière, il a été décidé d’envoyer pour la première fois une seule et unique délégation à Genève pour négocier avec le régime. Mais le communiqué final a de nouveau réclamé le départ du président Assad, une demande inacceptable pour Damas.

A peine arrivé à Genève, le chef de la délégation de l’opposition, Nasr Hariri, a remis de l’huile sur le feu en réaffirmant qu’il s’agissait d’une condition avant toute transition vers des élections.

– Pressions de Moscou –

La Russie, qui soutient politiquement et militairement le régime de Damas, a apparemment fait pression de son côté sur son allié pour qu’il participe aux discussions de Genève.

Selon l’agence officielle syrienne Sana, citant une source au ministère syrien des Affaires étrangères, la décision de venir à Genève a été prise “après deux jours d’intenses contacts entre les parties syrienne et russe”.

La Russie sait qu’elle a besoin de l’ONU si elle veut pousser ses pions pour sauvegarder ses intérêts en Syrie.

Face à une Amérique repliée sur elle-même depuis l’élection du président Donald Trump, le président russe Vladimir Poutine a jusqu’ici multiplié avec succès les initiatives diplomatiques.

Avec l’aide de l’Iran, autre soutien de Damas, et de la Turquie, soutien des rebelles, il a organisé sept réunions mêlant opposition et régime syriens à Astana, au Kazakhstan. Quatre zones de “désescalade” des combats ont en outre été créées en Syrie, là où l’ONU avait échoué.

Il a également annoncé la tenue prochaine en Russie d’un “Congrès du dialogue national” syrien rassemblant tous les acteurs du conflit, qui devra servir de “stimulant” au processus de Genève.

– La France se mobilise –

Afin de contrebalancer la dynamique de Moscou, la France a organisé une réunion mardi à Genève avec les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité — Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni — en présence de M. De Mistura.

“Le processus de Genève demeure le seul cadre agréé par la communauté internationale pour la recherche d’une solution politique en Syrie”, a rappelé mardi Agnès Romatet-Espagne, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. “En appui au processus de Genève, la France agit pour mobiliser les membres permanents du conseil de sécurité afin de soutenir la médiation de M. Staffan de Mistura et faire émerger les contours d’un règlement politique.”

Le médiateur de l’ONU, qui se qualifie volontiers comme un “optimiste incorrigible”, espère pouvoir centrer les discussions sur la rédaction d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections sous l’égide de l’ONU, deux thèmes acceptables pour Damas. Mais tout dépendra de l’état d’esprit dans lequel va participer la délégation officielle syrienne.

Après plus de 6 années de conflit, qui ont fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés, le médiateur estime qu’il faudra au moins 250 milliards de dollars pour reconstruire ce pays.

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