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Syrie: début de l’évacuation de rebelles de la Ghouta, où les frappes se poursuivent

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Syrie: début de l’évacuation de rebelles de la Ghouta, où les frappes se poursuivent

Des centaines de combattants rebelles et de civils ont commencé à quitter jeudi la Ghouta orientale, une première depuis le lancement d’une offensive du régime, déterminé à reconquérir l’ultime bastion des insurgés aux portes de Damas.

Au moins 1334 personnes, dont 237 combattants, ont pris place à bord de bus et quitté en fin de matinée le secteur rebelle de Harasta, à l’est de la capitale, selon la télévision d’Etat syrienne.

“Les bus se sont garés sur la ligne de démarcation” entre les territoires rebelles et ceux du régime, selon une source militaire sur le terrain, précisant qu’ils doivent à terme “se rendre dans la province d’Idleb” (nord-ouest), la dernière échappant encore entièrement au régime.

Près de 2.000 personnes, dont 700 combattants, doivent sortir jeudi de Harasta, selon une autre source militaire.

Le pouvoir syrien et son allié russe ont passé un accord avec le groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham pour l’évacuation de Harasta, la plus petite et la moins peuplée des trois poches rebelles qui subsistent dans la Ghouta orientale.

Mais raids aériens et tirs d’artillerie se poursuivent jeudi sur d’autres localités et ont tué 20 civils, dont 16 ont péri dans des raids aériens sur la seule ville de Zamalka, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Un correspondant de l’AFP sur place a vu d’importants panaches de fumée se dégager des bâtiments touchés.

– Situation ‘dramatique’ –

A Harasta, les sorties ont commencé en fin de matinée, avec plusieurs heures de retard. L’opération pourrait durer plusieurs jours, selon le porte-parole d’Ahrar al-Cham, Munzer Fares.

Au total, quelque 1.500 combattants et 6.000 membres de leur famille doivent quitter Harasta, en plusieurs vagues, selon l’agence officielle syrienne Sana.

Ces départs interviennent en vertu d’un accord passé avec le pouvoir du président Bachar al-Assad alors que les territoires rebelles dans la Ghouta ont été laminés par une offensive dévastatrice lancée le 18 février.

En plus d’un mois de bombardements aériens et de combats au sol, l’enclave rebelle s’est réduite comme peau de chagrin et les forces du régime en ont déjà reconquis plus de 80%.

Le déluge de feu quotidien a tué plus de 1.500 civils, selon l’OSDH.

“Harasta a été entièrement détruite, la situation des habitants était dramatique”, a confirmé à l’AFP le chef du conseil local du secteur rebelle de Harasta, Hossam al-Beyrouthi.

“Cette dernière semaine, la moitié des familles n’avaient rien à manger, les maladies font des ravages dans les sous-sols”, où les gens vivent terrés pour échapper aux bombardements du régime, a-t-il déploré.

En représailles à l’offensive dans la Ghouta, les rebelles tirent obus et roquette sur Damas, et deux personnes sont mortes dans la capitale jeudi, selon Sana.

– Dizaines de milliers de déplacés –

L’évolution dans la Ghouta rappelle ce qui s’est passé dans d’autres fiefs rebelles reconquis ces dernières années par le régime, dont celui dans la ville d’Alep (nord) fin 2016.

A l’issue de bombardements intenses et de sièges asphyxiants, les insurgés de ces localités et les civils les soutenant avaient été mis dans des bus, direction Idleb. Amnesty International avait dénoncé des déplacements forcés de populations.

Multipliant ainsi les victoires face aux rebelles, mais aussi face aux jihadistes, le pouvoir d’Assad, appuyé par ses alliés russe et iranien, a déjà reconquis plus de la moitié de la Syrie.

Dans la Ghouta, l’offensive meurtrière du régime a fait plus de 80.000 déplacés au total.

Pour la seule journée de jeudi, plus de 4.000 civils ont quitté la grande ville rebelle de Douma, selon l’OSDH.

Ces derniers n’ont jusqu’à présent pas eu d’autre choix que de rejoindre des secteurs du gouvernement, malgré la crainte de représailles pour certains.

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression dans le sang par le régime de manifestations prodémocratie, a fait plus de 350.000 morts et forcé des millions de Syriens à l’exil.

Au fil des ans, le conflit s’est transformé en une guerre complexe, impliquant de multiples belligérants qui s’affrontent sur plusieurs fronts, avec parfois l’intervention directe de puissances étrangères.

Dans le nord-ouest, l’armée turque a lancé le 20 janvier une offensive pour chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l’enclave d’Afrine.

Plus de 250.000 civils ont fui l’avancée des forces turques, selon l’OSDH.

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