Home Pure Info Tous contre tous en Catalogne à trois jours d’élections cruciales

Tous contre tous en Catalogne à trois jours d’élections cruciales

0
Tous contre tous en Catalogne à trois jours d’élections cruciales

En Catalogne, au sein du camp indépendantiste comme chez les partisans de l’Espagne, les couteaux sont tirés et les attaques fratricides se multiplient à trois jours du scrutin crucial de jeudi.

Le principal dirigeant indépendantiste emprisonné, Oriol Junqueras, a lancé lundi, sans le nommer, une flèche en direction du président du gouvernement régional destitué Carles Puigdemont, réfugié en Belgique alors qu’il est visé en Espagne par un mandat d’arrêt, en déclarant qu’il était resté en Catalogne parce que lui refusait de se cacher.

“Je ne me cache pas parce que j’assume ce que je fais, j’assume mes actes, mes décisions, mes sentiments et ma volonté” a-t-il déclaré dans une interview accordée depuis la prison d’Estremera, près de Madrid, à la radio catalane Rac 1.

Le scrutin de jeudi va permettre de mesurer le poids réel du mouvement indépendantiste catalan, à la suite de la crise politique majeure provoquée par la déclaration unilatérale d’indépendance du 27 octobre et la mise sous tutelle de la région par le gouvernement central de Madrid, qui a destitué le gouvernement régional de Catalogne, accusé par la justice de rébellion et de tentative de sédition.

Oriol Junqueras dirige le parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, gauche républicaine de Catalogne), actuellement en tête des sondages pour l’élection de jeudi, à égalité avec le parti libéral pro-union Ciudadanos, sans qu’aucune formation ne semble en mesure de remporter une majorité absolue.

– “Fake basé sur la post-vérité” –

Les enquêtes d’opinion récentes montrent une poussée de la liste de Carles Puigdemont, “Unis pour la Catalogne”, longtemps distancé par l’ERC.

Dans le camp favorable à l’union avec l’Espagne, Ciudadanos et sa candidate Inés Arrimadas dispute au Parti socialiste de Catalogne (PSC) la première place des formations qui veulent en finir avec la possibilité d’une indépendance catalane.

Le candidat socialiste en Catalogne, Miquel Iceta, a traité de “démocrate de pacotille” le leader national de Ciudadanos, Albert Rivera, qui avait affirmé qu’accorder son scrutin à toute autre formation unioniste que la sienne était inutile.

“Je ne dirai pas, comme l’a fait Albert Rivera, que tous les votes qui ne me sont pas accordés vont à la poubelle. Démocrate de pacotille ! a lancé M. Iceta lors d’un meeting.

Dans le camp indépendantiste, une troisième formation, la Candidature d’unité populaire (CUP, extrême-gauche) accuse ses anciens alliés parlementaires sécessionnistes d’avoir renoncé à se séparer unilatéralement de Madrid, sans la permission du gouvernement espagnol. “Si nous faisons preuve de la moindre hésitation, ils nous annihilerons et nous dénigrerons en tant que peuple”, a déclaré lors d’une réunion publique le candidat du CUP, Pere Vidal Aragonés.

Carles Mundo, de l’ERC, qui a été emprisonné avant d’être libéré sous condition, lui a répondu: “Il est clairement plus facile de parler que de faire, nous qui avons écopé de semaines de prison, nous devons mettre certaines de ces accusations dans un contexte de réalité”.

Pour sa part, le Parti populaire (PP, conservateur) du chef du gouvernement Mariano Rajoy distancé dans les sondages (qui le placent en Catalogne en cinquième position) se vante d’avoir “décapité” le mouvement indépendantiste, selon les termes de la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria, par opposition au PSC, qui a collaboré avec les indépendantistes dans certains conseils municipaux catalans.

Lundi, Mme Saénz de Santamaria a accusé le processus sécessionniste de la Catalogne d’être un “épisode de déloyauté envers les Catalans eux-mêmes” et un “fake basé sur la post-vérité”.

Après que le gouvernement espagnol a accusé les indépendantistes d’avoir reçu l’appui de comptes Twitter basés en Russie afin de diffuser des calomnies et que les indépendantistes ont suggéré que Madrid était prêt à manipuler le scrutin, la vice-présidente a assuré que toutes les mesures étaient prises pour s’assurer du bon déroulement du scrutin.

Une simulation du processus électoral a été réalisée, avec l’analyse de toute la sécurité du système de comptage, et tout s’est bien passé, a-t-elle assuré.

© 2017 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.