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TPIY: Jadranko Prlic et cinq autres Croates de Bosnie fixés sur leur sort

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TPIY: Jadranko Prlic et cinq autres Croates de Bosnie fixés sur leur sort

Jadranko Prlic et cinq autres anciens dirigeants et chefs militaires des Croates de Bosnie, accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pendant le conflit en ex-Yougoslavie dans les années 1990, connaîtront mercredi leur jugement en appel.

Celui-ci sera rendu par un tribunal en passe de fermer ses portes. Siégeant à La Haye, le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) se prononce pour la toute dernière fois avant de baisser le rideau le mois prochain, après près d’un quart de siècle consacré à juger ceux qui ont commis les pires atrocités en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Une peine de 40 ans de prison a été requise en appel contre Jadranko Prlic, l’ex-dirigeant des Croates de Bosnie, condamné en 2013 à 25 ans de prison en première instance pour avoir mené le transfèrement de populations musulmanes en Bosnie et avoir eu recours à des meurtres, des viols et des destructions de biens civils dans le but de créer une “grande Croatie”.

Des actes qualifiés par l’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, commis lors de cette guerre (1992-1995) qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Celui qui fut notamment “Premier ministre” de la Herceg-Bosna, entité autoproclamée par des nationalistes croates, est jugé avec cinq autres ex-chefs de cette “République”, condamnés en première instance à des peines allant de dix à vingt ans de prison.

– Multiethnicité –

Comme pour M. Prlic, quarante ans sont requis en appel à l’encontre de trois d’entre eux: Bruno Stojic, son ancien ministre de la Défense, Slobodan Praljak, ancien officier supérieur dans l’armée croate, et Milivoj Petkovic, ancien responsable des forces armées de la Herceg-Bosna.

Ils avaient été reconnus coupables d’une “entreprise criminelle commune” pour imposer une domination croate. Si la guerre de Bosnie a essentiellement opposé les musulmans aux Serbes, Croates et musulmans se sont également combattus.

L’image la plus symbolique de la guerre qui opposa en 1993 et 1994 Croates catholiques et Bosniaques musulmans fut la destruction du “Stari Most”, le pont ottoman de Mostar, ville multiethnique, encore aujourd’hui peuplée pour moitié de Bosniaques musulmans et de Croates catholiques.

Lors de la guerre, “des dizaines de milliers de musulmans ont été expulsés de leur maison… des milliers ont été arrêtés et détenus dans d’horribles conditions”, avait déclaré la représentante du procureur, Barbara Goy, lors des réquisitions en appel.

“Des musulmans ont été tués lors d’attaques ou lorsqu’ils étaient forcés de travailler au front. Ils ont été violés”, leurs “maisons et mosquées détruites”, avait-elle poursuivi.

– ‘Face sombre’ –

“Je ne faisais pas partie de la chaîne de commandement” des forces croates de Bosnie, le HVO, a assuré M. Prlic aux cinq juges du TPIY lors du procès en appel, assurant que les Croates avaient été “forcés” de se défendre.

En prison, au sein du centre de détention du TPIY situé aux confins des dunes du quartier de Scheveningen, à La Haye, il a écrit un ouvrage de 2.000 pages sur l’histoire de la Herceg-Bosna.

Ce professeur d’économie aux manières policées y est détenu aux côtés des Serbes Radovan Karadzic, qui a interjeté appel de sa condamnation à 40 ans de prison, et Ratko Mladic, l’ancien chef des forces serbes de Bosnie, condamné à la perpétuité par le TPIY la semaine dernière, notamment pour génocide.

Après ce jugement historique, le tribunal baissera le rideau avec le procès Prlic et consorts, l’un des plus longs et complexes de son histoire, mentionnant 326 témoins et 465 jours d’audience.

Pour M. Prlic, homme chauve de 58 ans, fines lunettes cerclées sur le nez, qui répondent plus au stéréotype du cadre bancaire que du criminel de guerre, son procès est “la face sombre de la justice internationale”.

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