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Trump dans un champ de mines durant sa tournée marathon en Asie

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Trump dans un champ de mines durant sa tournée marathon en Asie

Ils auront beau avoir méticuleusement planifié sa tournée asiatique, les conseillers de Donald Trump se posent peut-être une question: le président américain réputé impulsif saura-t-il gérer le protocole diplomatique et éviter les écueils géopolitiques tout en s’abstenant de se répandre sur Twitter?

La Corée du Nord et les échanges commerciaux figurent en bonne place de cette tournée marathon qui le conduira pendant 12 jours dans cinq pays.

Un agenda chargé qui le verra participer à des sommets avec des communistes, à une réception à la cour impériale du Japon et bien sûr, disputer un parcours de golf.

Ses relations personnelles avec les dirigeants de la région devraient jouer un grand rôle dans le succès ou l’échec de ce voyage, avec des conséquences pour le monde entier.

M. Trump entretient des relations amicales avec le Japonais Shinzo Abe. Glaciaux au départ, les liens avec le Chinois Xi Jinping se sont métamorphosés en rapports de quasi affection, M. Trump saluant en son homologue un homme “puissant”.

L’incertitude règne en revanche s’agissant de la Corée du Sud, accusée de vouloir apaiser “l’Homme-fusée” de la Corée du Nord, et des Philippines, où toute mention des droits de l’Homme ne devrait pas manquer de rapprocher encore plus de Pékin le président Rodrigo Duterte.

“Je m’attends à une visite non conventionnelle de la part d’un président non conventionnel”, commente Ryan Hass, ex-conseiller à la sécurité de l’administration Obama et membre de la Brookings Institution.

– Japon, 5 au 7 novembre –

Les deux alliés sont si proches qu’un analyste a laissé entendre que M. Trump ne se rend dans l’archipel que pour jouer au golf avec M. Abe.

Situation internationale oblige, ils se sont contentés de neuf trous quand ils avaient réalisé en Floride un parcours de 27 trous.

M. Trump rencontrera également l’empereur Akihito, un champ de mines protocolaire potentiel qui avait fait trébucher Barack Obama. Le président américain de l’époque s’était profondément incliné devant l’empereur de 83 ans, s’attirant les foudres des conservateurs américains.

– Corée du Sud, 7 et 8 novembre –

M. Trump doit s’exprimer devant l’Assemblée nationale sud-coréenne, et certains craignent qu’il ne prenne des libertés avec le programme prévu et n’attise ainsi encore davantage les tensions autour des ambitions nucléaires de la Corée du Nord.

Le chef de la Maison Blanche est engagé dans une surenchère de menaces belliqueuses et d’insultes personnelles avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un. Devant l’assemblée générale de l’ONU. M. Trump a même menacé de “détruire totalement” le régime.

“Si Trump dit quoi que ce soit qui provoque la Corée du Nord, cela pourrait exacerber encore les tensions militaires”, juge Koo Kab-Woo, professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul.

Séoul est la deuxième étape après le Japon et M. Trump devra s’attacher à ne pas donner l’impression de privilégier l’un ou l’autre allié, dont les relations sont tendues pour des raisons historiques.

Les liens entre Donald Trump et le président sud-coréen de centre-gauche Moon Jae-In, accusé de “conciliation” avec le Nord, sont beaucoup plus fraîches qu’avec M. Abe.

– Chine, 8 au 10 novembre –

Pékin s’apprête à accueillir Donald Trump en très grande pompe, et à lui offrir plus de cérémonial que d’ordinaire.

Garde militaire d’honneur, banquet officiel et des milliards de dollars d’accords commerciaux dont le président américain pourra se vanter sur Twitter, la Chine ne va rien laisser au hasard.

Un protocole très élaboré qui survient dans un contexte de tensions sur toute une série de sujets, du vaste déficit commercial américain à la gestion par Pékin de Pyongyang, son voisin imprévisible.

“C’est un homme puissant”, a dit M. Trump récemment du président chinois. “Il se trouve que je pense que c’est un type très bien”.

Pour David Dollar, spécialiste de la Chine à Brookings, il est peu vraisemblable malgré le tapis rouge déroulé que Pékin fasse beaucoup de concessions.

“Les Chinois sont essentiellement très contents du statu quo dans la relation économique”.

Hormis les problèmes de commerce et de sécurité, une autre question se pose: M. Trump pourra-t-il briser la grande muraille électronique et aller sur Twitter, qui est bloqué en Chine?

Comme la presse lui posait cette question, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zheng Zeguang a répondu: “vous n’avez pas à vous inquiéter de la façon dont le président Trump communiquera avec l’extérieur”.

– Vietnam, 10 au 12 novembre –

M. Trump a échappé à la conscription pendant la guerre du Vietnam. Mais pour cette visite dans la nation du Sud-Est asiatique, la question des échanges sera primordiale.

Les observateurs s?attendent à ce qu’il fasse l’éloge de la doctrine “L’Amérique d’abord” et qu’il appelle à des accords bilatéraux et au libre-échange en faveur des biens américains lors d’un sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec).

Il rencontrera également plusieurs membres du l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), qui sont toujours estomaqués par son retrait abrupt du vaste traité, qu’il avait dénoncé comme “tueur” pour les emplois américains.

Philippines, 12 et 13 novembre –

M. Trump participe dans l’archipel à un sommet des dirigeants du Sud-Est asiatique. Et ce qu’il dira sur la campagne antidrogue controversée de M. Duterte sera scruté de près.

Cette campagne a fait des milliers de morts et les défenseurs des droits de l’Homme ont évoqué un possible crime contre l’humanité.

M. Duterte, connu pour ses tirades ponctuées de grossièretés, avait qualifié Barack Obama de “fils de pute” pour avoir critiqué la répression antidrogue et les relations bilatérales sont devenues glaciales.

Le chef de la Maison Blanche a lui salué lors d’un échange téléphonique qui a hérissé les ONG de défense des droits de l’Homme le “travail incroyable sur le problème de la drogue” du dirigeant philippin.

Le moment le plus dramatique de la visite pourrait survenir au moment de la rencontre entre les deux présidents. M. Duterte a coutume d’accueillir ses visiteurs avec un geste de salut le poing fermé et de les enjoindre de lui retourner la pareille.

Les opposants au président philippin comparent ce geste au salut nazi et affirment qu’il illustre son dédain pour les droits de l’Homme.

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