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Tunisie: le parti du candidat arrêté accuse le Premier ministre

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Tunisie: le parti du candidat arrêté accuse le Premier ministre

Le parti de Nabil Karoui, une des principales têtes d’affiche de la présidentielle anticipée en Tunisie, a accusé samedi le Premier ministre Youssef Chahed, lui aussi candidat, d’être derrière l’arrestation de cette personnalité médiatique controversée.

M. Karoui, qui a été inculpé le 8 juillet avec son frère Ghazi pour “blanchiment d’argent”, a été arrêté vendredi alors qu’il revenait de Béja (nord-ouest), où il venait d’ouvrir un nouveau local de son parti.

“Nous adressons une accusation directe envers Youssef Chahed et son gang, (celle) d’avoir orchestré cette arrestation”, à déclaré lors d’une conférence de presse Iyadh Elloumi, un dirigeant du bureau politique de Qalb Tounes (“Le coeur de la Tunisie”).

Dénonçant des “pratiques dégradantes et dictatoriales”, ce responsable a ironisé en remerciant M. Chahed “pour cette publicité gratuite qui ne va que dans l’intérêt de Nabil Karoui”.

Après s’être déclaré candidat, Youssef Chahed, 43 ans, a délégué jeudi ses pouvoirs de chef de gouvernement au ministre de la Fonction publique Kamel Morjane, une ancienne figure du pouvoir sous le président déchu Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011).

Intervenant à trois semaines du premier tour de la présidentielle, cette arrestation fait monter la tension autour de ce scrutin particulièrement indécis, dans l’unique pays rescapé des Printemps arabes de 2011.

Prévue en fin d’année, cette élection a été anticipée en raison du décès fin juillet du président Béji Caïd Essebsi, 92 ans.

La liste définitive des candidatures doit être annoncée dans une semaine. Samedi, l’instance électorale (Isie) a précisé que Nabil Karoui, essentiellement connu en tant que patron de la chaîne Nessma TV, restait candidat à la présidentielle.

Même des candidatures de personnes condamnées peuvent être acceptées en Tunisie, sauf si les jugements sont assortis d’une interdiction spécifique, a précisé le président de l’Isie, Nabil Baffoun sur une radio privée.

M. Karoui ainsi que son frère Ghazi sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, après le dépôt par l’ONG anticorruption I-Watch d’un dossier les accusant de fraude fiscale.

Le juge d’instruction au pôle financier avait décidé en juillet “le gel de leurs biens et de leurs fonds financiers” et ils avaient reçu l’interdiction de quitter le territoire.

Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur transmis vendredi soir, Nabil Karoui a été conduit à la prison de Mornaguia, près de Tunis. Aucune information n’a été fournie sur une arrestation de son frère, Ghazi.

Vendredi, l’Isie ainsi que l’instance chargée du contrôle de l’audiovisuel (Haica) ont annoncé avoir décidé d’interdire à trois médias émettant illégalement, dont Nessma TV, de couvrir la campagne électorale.

“Il n’est pas permis aux candidats à la présidentielle de mener leurs campagnes électorales à travers ces chaînes qui ne disposent pas de licence et émettent illégalement”, a déclaré à l’AFP le président de la Haica, Nouri Lajmi.